Nager, penser, rêver seraient-ils différentes étapes d’un seul et même mouvement ? C’est ce que semble croire l’écrivaine française Chantal Thomas, qui vient d’être reçue à l’Académie française dans le fauteuil de Jean d’Ormesson — autre grand nageur devant l’Éternel.
C’est avec un Journal de nage qui sent l’écume et le sable qu’elle plonge dans le sillage de son Souvenirs de la marée basse (Seuil, 2017), récit où elle faisait un portrait inspiré de sa mère en nageuse intrépide et infatigable.
Pour la romancière des Adieux à la reine (Seuil, prix Femina 2002), spécialiste de la littérature du XVIIIe, ce qui était une façon de lutter contre le confinement devient vite une forme de respiration. C’est ainsi que du début juin 2021, date de son premier bain de mer de l’année, jusqu’au 29 août, installée à Nice (le « pays de l’été »), l’écrivaine de 77 ans se baigne presque chaque jour en eaux libres dans la Méditerranée, notant ce qu’elle voit, ce qu’elle lit et ce qu’elle éprouve.
« L’été, à Nice, je me réveille en trois fois, une première fois quand j’ouvre les yeux (les chants des oiseaux, à l’aube, ont déjà fissuré l’enclos de mon sommeil), une deuxième avec le café, une troisième, la plus vivifiante, le véritable éveil : quand je plonge la tête dans l’eau. »
Les nageurs et les amoureux de la mer le savent : on ne se baigne jamais deux fois dans les mêmes eaux. Pour Chantal Thomas, « chaque matin contient une occasion de départ et une chance d’aventure, émotive,
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