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Près d’un an après avoir reçu le prix Médicis pour Que notre joie demeure, l’auteur québécois désormais connu sous le nom de Kev Lambert publie mercredi son quatrième roman, Les sentiers de neige. Campé dans le Lac-Saint-Jean de son enfance pendant le temps des Fêtes, le livre aborde la question de la transidentité au sein d’une famille qui ne sait pas encore nommer la chose.
Si l’auteur a choisi d’abréger son nom de naissance, Kevin Lambert, pour signer son nouveau roman, c’est pour mieux représenter la période d’exploration qu’il traverse par rapport à son identité de genre.
Je trouve que c’est un nom qui est plus neutre au niveau du genre et je ne me sens pas bien dans les catégories très définies, masculin ou féminin. Kev, je trouve que c’est très ambigu et ça me plaît
, explique-t-il.
La fluidité des genres et la transidentité sont d’ailleurs des thèmes au cœur de Les sentiers de neige, même si elles ne sont pas expressément nommées. Ça parle d’un enfant qui est considéré comme un garçon par son entourage, mais qui à certains moments se met à penser au « elle », à s’imaginer comme une princesse qui fait du cheval, parce qu’il lit des livres comme ça
, résume-t-il.
Une famille et ses non-dits
Inspiré en partie de l’enfance de Kev Lambert, Les sentiers de neige raconte l’histoire de Zoey, un garçon de 8 ans, lors de ses premières fêtes de Noël après la séparation de ses parents, le 24 décembre chez son père au Lac-Saint-Jean et ensuite chez sa mère.
Derrière les éclats de rire et les conversations enflammées des rassemblements familiaux se profile une sourde homophobie typique du début des années 2000, selon Kev Lambert. J’ai grandi dans une époque où « gai », c’était l’adjectif utilisé pour dire que quelque chose était mauvais, explique-t-il. On n’aimait pas un film et on disait : « Ah, c’est gai ce film-là. »
Ce qui m’intéresse, c’est la manière dont ça peut se vivre pour un enfant comme ça qui est dans une famille où ce n’est pas du tout nommé.
S’il se permet une certaine critique de la famille, Kev Lambert affirme que son livre est aussi une célébration des moments magiques associés au temps des Fêtes, avec les oncles, les tantes et les cousins.
J’avais à la fois envie de montrer le côté qui peut être brutal pour les enfants, […] mais je voulais aussi montrer comment c’est des gens qui sont plus grands que nature, qui sont drôles, qui sont un peu fous aussi. […] C’est toujours les ambivalences qui m’intéressent, l’aspect parfois incroyable, extraordinaire, parfois brutal, violent.
Avec les informations de Louis-Philippe Ouimet