Paru en premier sur (source): journal La Presse
(Paris) Kevin Lambert a remporté mardi le prix Décembre, devenant à 31 ans le plus jeune lauréat à décrocher cette récompense convoitée en France pour sa forte dotation.
Publié à 8h05
Le Québecois est récompensé pour Que notre joie demeure (éditions du Nouvel Attila), une fiction sur la chute d’une architecte accusée de chasser les pauvres de Montréal.
Le prix a été créé en 1989 (sous le nom de prix Novembre) pour récompenser un roman oublié des autres prix littéraires d’automne. Mais, cette année, il vient avant les autres grands prix, comme le Femina, le Goncourt, le Renaudot et le Médicis.
Il est doté de 15 000 euros, avec le soutien de la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent.
Avec son roman, critique grinçante de la bonne conscience des dominants, publié au Québec en septembre 2022, Kevin Lambert a suscité l’enthousiasme de la critique en France.
L’Obs a salué « une fresque éclatante et cruelle » et Le Monde « l’habileté » d’un écrivain ambitieux grâce auquel « le tournis gagne le lecteur ».
En septembre, toutefois, son éditeur a alimenté la polémique en révélant que l’auteur avait eu recours aux services d’une relectrice canado-haïtienne pour vérifier à quel point un personnage d’origine haïtienne était crédible.
Si l’intervention d’un « sensitivity reader » est courante en Amérique du Nord, elle l’est beaucoup moins en France. Un ancien lauréat du prix Goncourt, Nicolas Mathieu, a dit se refuser à « faire de professionnels des sensibilités, d’experts des stéréotypes, de spécialistes de ce qui s’accepte et s’ose à un moment donné la boussole de notre travail ».
Kevin Lambert s’est peu exprimé sur le sujet. Son éditeur rapportait ses propos selon lesquels cette relectrice, Chloé Savoie-Bernard, « s’est assurée que je ne dise pas trop de bêtises, que je ne tombe pas dans certains pièges de la représentation des personnes noires ».