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Kim Thúy au théâtre pour la première, et peut-être unique, fois

 

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La toute première pièce de la populaire romancière Kim Thúy est à l’affiche du Théâtre du Nouveau Monde (TNM), à Montréal, jusqu’au 8 octobre. Centrée sur la rencontre entre des mondes différents, Ấm, qui signifie « chaleur » en vietnamien, se fait politique dans un Québec où le regard sur l’immigration a changé.

C’est à Lorraine Pintal, ancienne directrice du TNM et metteuse en scène d’Ấm, que l’on doit cette première incursion de Kim Thúy en dramaturgie. Soucieuse de diversifier les voix dramaturgiques portées par les comédiens sur la scène du TNM, elle a proposé à Kim Thúy de prendre la plume.

Non, je ne peux même pas écrire un dialogue, alors oublie ça, lui a répondu l’écrivaine. Elle m’a dit : « Non, non, écris, pis on verra. »

Kim Thúy, qui dit ne savoir qu’écrire en fragments, a donc livré des morceaux de fiction que Lorraine Pintal a assemblés pour faire naître Ấm.

Une première expérience théâtrale que l’autrice n’est pas certaine de renouveler. Je ne pense pas le faire une autre fois parce qu’il faut vraiment quelqu’un d’aussi généreux, patient et humble que Lorraine pour m’écouter dire des bêtises pendant très longtemps, dit-elle en riant.

Dans l’écriture d’Ấm, Kim Thúy a pu aussi compter sur son amoureux, un chef d’entreprise qui voulait devenir comédien quand il était jeune. Il connaît bien le théâtre, en tout cas plus que moi, précise-t-elle.

Un homme marche devant un fond noir sur lequel est écrit Ấm.

La scène du Théâtre du Nouveau Monde pour la pièce « Ấm », de Kim Thúy.

Photo : Yves Renaud

La différence comme trait d’union

C’est donc bien entourée que Kim Thúy a imaginé Ấm, qui reprend une interrogation centrale de son œuvre : comment des univers différents peuvent-ils se rencontrer, s’aimer et évoluer ensemble?

Comme Kim Thúy et son conjoint, Ành, incarnée par Cynthia Wu-Maheux, et Jacques, joué par Jean‑Philippe Perras, forment un couple mixte : elle est d’origine vietnamienne et lui est un Québécois pure laine.

J’ai proposé deux personnages devant travailler sur eux-mêmes pour pouvoir être ensemble, explique-t-elle. Et puis une fois ensemble, ils travaillent également ensemble pour avancer.

Pour faire durer l’amour, il faut beaucoup de travail et de patience. Il faut aller vers l’autre, l’écouter vraiment.

Une citation de Kim Thúy, autrice

La différence est également abordée à travers le personnage de Noé, le fils d’Ành et de Jacques. Un enfant neuroatypique qui ne parle pas, comme Valmond, le fils de Kim Thúy.

C’est donc par le langage de la danse que Noé, interprété par le danseur contemporain Jimmy Trieu Phong Chung, s’exprime sur scène.

Un enfant avec un handicap est un enfant avec un langage qu’on doit apprendre, souligne-t-elle. Un enfant non verbal, on n’a pas le choix de l’écouter encore plus, car il faut aller chercher ailleurs pour communiquer avec lui.

Je voulais montrer l’effort qu’on doit faire si on veut comprendre l’autre, poursuit-elle. Dans la société, très souvent, on oublie que ce n’est pas parce que l’autre peut parler qu’on se comprend nécessairement.

Une femme serre un homme dans ses bras.

Les comédiens Jean‑Philippe Perras et Cynthia Wu-Maheux

Photo : TNM

Rappeler ce qui a déjà existé

En ces temps où l’immigration est perçue de plus en plus négativement, Kim Thúy donne une dimension politique à son texte, elle qui est arrivée du Vietnam à une époque où les bras s’étaient ouverts pour recevoir des réfugiés comme elle.

On croit qu’on n’a jamais reçu d’immigrants arrivant en grand nombre d’un seul coup. On croit qu’on n’a jamais fait ça, mais on l’a fait, indique-t-elle.

Je voulais nous rappeler à tous qu’on a déjà su accueillir les nouveaux arrivants et qu’on est capable de cette générosité, de cette beauté.

Une citation de Kim Thúy, autrice

Selon elle, le discours porté par les hommes et les femmes politiques a une responsabilité énorme dans la manière dont la population reçoit les nouveaux arrivants.

Quand on ouvre les bras, l’autre aussi va ouvrir ses bras. Quand on est porté par l’autre, on grandit beaucoup plus, on devient plus que qui on est. C’est le message politique de la pièce.

Un couple mixte, un fils neurodivergent… À quel point Ấm est-elle inspirée de la propre vie de Kim Thúy?

Tout est autobiographique et tout n’est pas autobiographique en même temps, nuance-t-elle. La vérité est beaucoup plus grande que certains détails précis que je raconte.

Cynthia Wu-Maheux, Jean‑Philippe Perras et Jimmy Trieu Phong Chung monteront encore 25 fois sur la scène du TNM d’ici au 8 octobre.

Ensuite, Ấm ira à la rencontre du public ailleurs au Québec. Du 21 octobre au 21 novembre, la pièce sera présentée à Québec, Rimouski, Sherbrooke, Terrebonne, Granby, Drummondville, Gatineau et Laval.

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