Image

Kim Thúy : « Il m’a fallu 35 ans pour nommer que, oui, c’était de la violence »

 

Tout lire sur: Radio-Canada Livres

Source du texte: Lecture

Kim Thúy parle de violence conjugale.

Photo : A. Media / Karine Dufour

Radio-Publié à 23 h 01

Je pensais que ça n’allait pas marcher du tout, a-t-elle déclaré, en entrevue à Guy A. Lepage. J’ai été très surprise de l’impact de ce petit texte.  

Quand l’écrivaine s’est confiée sur cet épisode de sa vie à son ami Yannick Pinel, le directeur de la stratégie éditoriale numérique de Radio-Canada ayant supervisé la création de Solo, elle ne pensait pas qu’elle rendrait un jour son histoire publique. 

À l’époque, elle n’avait jamais considéré avoir subi de violence aux mains du partenaire qu’elle évoque dans J’avais peur qu’il… sans le nommer. Je pensais que ça ne méritait pas d’être appelé de la violence, a-t-elle poursuivi. C’est seulement en parlant avec Yannick que j’ai compris que toute violence est une violence.

Il m’a fallu 35 ans pour nommer que, oui, c’était de la violence, a-t-elle ajouté. […] On doit faire confiance à notre instinct et dire : “ça ne nous convient pas”.   

Une violence parfois très insidieuse

Ensuite, Kim Thúy a décidé de coucher son sur papier, notamment pour faire prendre conscience du caractère sournois que peut prendre la violence conjugale. 

« J’ai voulu écrire ça pour dire : parfois, les gestes [violents] sont presque invisibles, intangibles. On ne peut pas mettre le doigt directement dessus, mais c’est là et ça reste avec nous.  »

— Une citation de  Kim Thúy,

Comme beaucoup de victimes de relations conjugales violentes et toxiques, Kim Thúy a mis du temps à réaliser la situation dans laquelle elle se trouvait. Encore aujourd’hui, je doute de ce dont j’ai vécu.

Elle a longtemps préféré s’éloigner des personnes qui lui faisaient remarquer le caractère anormal de l’expérience conjugale qu’elle vivait, bien qu’elle éprouvait tout le temps de la peur, craignantpar exemple que son conjoint d’alors soit de mauvaise humeur.  

On se sent coupable, car on croit que c’est nous qui avons provoqué [tel] comportement, a-t-elle précisé. On ne pense jamais que c’est l’autre.

Je traduisais les gestes [de mon ex-conjoint] comme des gestes d’amour, a-t-elle ajouté. Le problème est aussi que je pensais que je ne méritais pas cette personne, qu’il fallait que je travaille deux fois plus et que j’aime pour deux.  

Se donner la priorité

Comme elle le narre dans J’avais peur qu’il…, ce sont les parents de Kim Thúy qui ont permis de mettre fin à cette relation néfaste. 

Quand elle est tombée sur le plancher après avoir été poussée par cet homme, celle qui était alors une jeune femme s’est retrouvée avec une bosse sur la tête. Elle a alors menti à ses parents, leur disant qu’elle avait glissé sur la glace. 

Ils ne m’ont pas cru. Ils sont venus chez moi et m’ont sortie de la maison. Ils m’ont dit : “il n’y a rien ici que tu veux, alors tu sors maintenant”, a-t-elle raconté. Ils m’ont enfermée chez eux.

Depuis, Kim Thúy dit avoir eu la chance de rencontrer des personnes extraordinaires tant sur le plan amoureux qu’amical. 

Ce sont des gens qui m’obligent à me mettre en premier et à m’empêcher d’aimer pour deux.  

Car, malgré les années qui ont passé, elle est consciente qu’elle pourrait retomber facilement dans le schéma d’une relation toxique, notamment en raison d’une capacité d’adaptation très élevée héritée de son parcours de petite fille arrivée comme réfugiée au sans parler français. Je m’adapte à toutes sortes de situations. Le danger est là : je peux m’adapter à n’importe qui, dans n’importe quelles circonstances.  

Toutefois, elle a tout de même appris de cette expérience. Dès que je ressens un petit signe qui ne me convient pas, je me tiens loin, a-t-elle expliqué. J’ai un odorat très développé.  

Il y a 1 heureImmobilier

Il y a 6 heuresProcès et poursuites

Il y a 2 heuresPolitique américaine

Il y a 4 heuresCrimes et délits

Il y a 58 minutesFaits divers

Palmarès des livres au Québec

Laissez un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *