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La BD jeunesse québécoise fait valoir sa différence au festival d’Angoulême

 

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Grand-messe annuelle du neuvième art, le Festival d’Angoulême accueille environ 200 000 amateurs de jusqu’à . Cette année, plusieurs auteurs et autrices de BD québécoise se sont rendus en pour y faire rayonner une production qui se distingue par sa diversité et sa prise de libertés.

Venus du , Chloé Baillargeon (Les Malins), Rhéa Dufresne (Les 400 Coups), Frederic Goyette alias Freg (les éditions Michel Quintin), Julien Paré-Sorel (Presses Aventure) et Rémy Simard (La Bagnole) sont ainsi réunis à un même kiosque au Quartier jeunesse du Festival d’Angoulême.

Si le Festival d’Angoulême attire des lecteurs, mais aussi des professionnels de l’édition du entier, les visiteurs sont en grande majorité Français. À la différence du Québec, la France représente un gros marché : plus de 75 millions de bandes dessinées s’y sont vendues en 2023. Un chiffre en baisse par rapport à 2022, mais en croissance de 55 % depuis 2019, selon les chiffres de NielsenIQ. La bande dessinée jeunesse arrive en deuxième place des ventes, après le manga.

À l’image des romans québécois qui séduisent de plus en plus les Français, certaines bandes dessinées jeunesse d’ici parviennent à traverser l’Atlantique avec succès, comme la série phénomène L’agent Jean, d’Alex A.

Le bédéiste québécois Freg au Festival d’Angoulême en 2025

Photo : Courtoisie Charlotte Delwaide

Directeur général de Québec BD, Thomas-Louis Côté travaille à développer et à promouvoir le neuvième art d’ici. Au Québec, on a des talents équivalents à ceux qui se trouvent en Europe, et le Festival d’Angoulême permet de le montrer, souligne-t-il. C’est une excellente vitrine.

La production jeunesse de la Belle Province se distingue par sa singularité. Elle amène un vent de nouveauté grâce notamment à son métissage d’influences américaines et européennes, résume Thomas-Louis Côté.

Un Québec moins conservateur que la France

En France, la vision de ce qu’est la bande dessinée est plus conservatrice, explique Renaud Plante, éditeur et directeur artistique de la maison d’édition jeunesse Les 400 coups. Une bande dessinée doit avoir une mise en page de type gaufrier, avec des cases et des phylactères.

Au Québec, on se permet d’avoir, par exemple, une œuvre avec des cases sur la page de gauche et juste une illustration sur la page de droite , ajoute-t-il.

Depuis quelques années, l’éditeur Les 400 coups, dont les albums représentent encore la majorité de son catalogue, explore l’univers de la bande dessinée. Par exemple, sa série Sven le terrible, dont l’ Rhéa Dufresne est présente à Angoulême, mêle l’album et la bande dessinée.

On voit la couverture d'un livre jeunesse. Un pirate regarde la figure d'une jeune fille à travers une longue-vue.

« Sven le terrible : pas de princesse pour les pirates », de Rhéa Dufresne et Orbie

Photo : Mélanie Langlois

Le format hybride est également adopté par la collection Savais-tu?, publiée par les Éditions Michel Quintin. Les propos des personnages sont placés dans des bulles, comme dans une bande dessinée classique, mais les illustrations sont complétées par des textes apportant des informations scientifiques.

Cette formule plaît au public, puisque les ouvrages de cette collection, publiés dans une douzaine de langues, se sont vendus à plus de 2,5 millions d’exemplaires dans le monde.

Mélanger les genres

La bande dessinée jeunesse québécoise n’hésite pas non plus à décloisonner les genres, en empruntant par exemple la voie du documentaire. Charlotte Delwaide s’occupe de vendre à l’international les droits des bandes dessinées des Éditions Michel Quintin.

Quand on dit qu’on fait de la bande dessinée documentaire, ça provoque une légère surprise. On le fait d’une façon très ludique, et ça nous démarque énormément. C’est un marché qui fonctionne bien.

Une citation de Charlotte Delwaide, directrice droits et marketing des Éditions Michel Quintin

Utiliser la bande dessinée pour permettre au jeune public de s’instruire en s’amusant, c’est ce que proposent les Éditions Michel Quintin avec la collection Savais-tu?, mais aussi avec L’histoire du cinéma en BD et les séries Les laborats et Les dragouilles. Cette dernière fait voyager les lecteurs, les invitant à découvrir la Corée du Sud et sa musique pop ou encore le Carnaval de Rio de Janeiro et l’art maori en Nouvelle-Zélande en compagnie de petites patates-dragons. On se fait beaucoup dire que ces personnages hors du commun sont du jamais vu, précise Charlotte Delwaide.

Les 400 coups s’illustrent eux aussi dans le domaine de la bande dessinée documentaire avec Gervais et Conrad, écrit et dessiné par Iris Boudreau. En plus d’avoir remporté plusieurs au Québec, cet ouvrage sur la flore a été primé l’an dernier à la Foire du livre jeunesse de Bologne.

La bande dessinée jeunesse imaginée au Québec se différencie aussi par ses thèmes. Par exemple, les collections Docteur RIP et Crash Drawin osent aborder, avec les enfants, le sujet de… la mort. Ça pourrait être lourd, mais c’est fait avec beaucoup d’humour, assure Charlotte Delwaide. Crash Darwin, de Freg, s’emploie à démystifier certaines peurs des enfants, leur montrant, entre autres, que le risque de mourir mangé par un requin est finalement assez faible.

Couverture de bande dessinée verte et jaune

La collection « Docteur RIP » utilise la bande dessinée pour évoquer la mort.

Photo : Facebook/Éditions Michel Quintin

Cette grande variété de notre production bédéesque permet de toucher tous les styles de jeunes lecteurs, y compris ceux qui éprouvent plus de difficultés avec la lecture. Ainsi, la série L’école des superhéros, de Carine Paquin et Mathieu Benoît, est pensée tout particulièrement pour les premiers lecteurs ainsi que les enfants atteints de dyslexie et de dysorthographie.

Une chance d’être là

Si la bande dessinée jeunesse québécoise possède bien des atouts, s’exporter de l’autre côté de l’Atlantique constitue un gros défi, tant la concurrence est forte. Tous styles confondus, plus de 6000 bandes dessinées paraissent chaque année en France.

Participer au Festival d’Angoulême engendre des coûts importants pour les éditeurs québécois. La location d’un petit kiosque revient au minimum à 3500 euros, soit plus de 5000 dollars canadiens.

Les retombées ne sont pas forcément immédiates. ll y a des personnes que j’ai rencontrées en 2022 avec lesquelles on a conclu des ventes de droits qu’en 2024, indique Charlotte Delwaide. C’est un travail de longue haleine, mais c’est rentable à long terme.

Si Renaud Plante est déjà venu au Festival d’Angoulême pour le compte de son autre maison d’édition Front froid, c’est la première fois que Les 400 coups, dont les ventes en France augmentent d’année en année, participent à ce grand rendez-vous.

C’est une chance d’être là, de rencontrer nos lecteurs et d’en avoir de nouveaux, dit-il. Et puis, on revient toujours d’Angoulême la tête remplie d’idées!

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