Source : Le Devoir
On le connaissait comme documentariste (Durs à cuire, DPJ) et réalisateur de fiction (1er amour), mais jamais on n’aurait pu deviner que derrière Guillaume Sylvestre, cinéaste au regard lucide, sensible et empli d’empathie, se cachait un féroce romancier satirique. Et l’on ne peut que se réjouir de cette nouvelle en plongeant dans son premier roman, La chute de Babylone, où il écorche sans merci l’intelligentsia québécoise. D’ailleurs, il y a fort à parier qu’à travers les descriptions impitoyables de cette faune narcissique, déconnectée et superficielle, plusieurs tenteront d’y reconnaître des figures médiatiques, artistiques et politiques.
« Souviens-toi du Capital qu’on lisait à l’université, de l’analyse que Marx faisait du fétichisme de la marchandise. C’était un prophète : il te décrit. Tu es le chantre de sa théologie, avec ton obsession des soldes. Et de toute façon, en matière faustienne, tu gagnes haut la main : t’as vendu ton âme au diable pour diriger un journal à potins cheap alors que t’écrivais à l’époque pour Le Devoir et Le Nouvel Obs. »
Campé à Fort Lauderdale, le roman au vocabulaire châtié grouillant de références à l’Antiquité et aux Saintes Écritures met en scène une bande de snowbirds parvenus obsédés par les vêtements griffés soldés, la chirurgie esthétique, le bronzage, les machines à sous et le golf. Au coeur de ce petit monde résidant au Babylone Cove se démarquent Hélène Savard, journalisteet rédactrice en chef à la sexualité décomplexée, son nouveau mari Peeters Van Der Muyten, moine dominicain défroqué craignant la colère de Dieu, et son
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