La cité oblique : quand H. P. Lovecraft déambulait dans Québec

Si l’œuvre de Lovecraft nage habituellement en pleine fantasmagorie, le récit qu’il a écrit lors de ses séjours à Québec est plutôt sobre; il s’agit d’un récit de voyage doublé d’une histoire de la Nouvelle-France, le tout écrit pour lui-même. Un ouvrage rassemblant ces écrits a été publié à titre posthume en 1976, To Quebec and the Stars.

comme un genre de texte Wikipédia – qu’on a demandé à Ariane Gélinas, [une autrice spécialiste de Lovecraft], d’embarquer dans le projet. Elle a réécrit le texte comme si Lovecraft avait écrit un récit fantastique”,”text”:”Le texte était tellement didactique, tellement descriptif – comme un genre de texte Wikipédia – qu’on a demandé à Ariane Gélinas, [une autrice spécialiste de Lovecraft], d’embarquer dans le projet. Elle a réécrit le texte comme si Lovecraft avait écrit un récit fantastique”}}”>Le texte était tellement didactique, tellement descriptif – comme un genre de texte Wikipédia – qu’on a demandé à Ariane Gélinas [une autrice spécialiste de Lovecraft] d’embarquer dans le projet. Elle a réécrit le texte comme si Lovecraft avait écrit un récit fantastique, explique Christian Quesnel, qui a notamment illustré les bandes dessinées Vous avez détruit la beauté du monde (2020) et Mégantic, un train dans la nuit (2021).

C’est ainsi que les deux collègues ont lovecraftisé Lovecraft, comme le dit le bédéiste, en ramenant les codes de l’horreur et du fantastique attachés à l’auteur au cœur du récit somme toute assez beige de ses voyages à Québec.

Frontenac avec le masque de Jason Voorhees

Ce mélange de la fiction et du réel donne lieu à des images complètement décalées, comme la figure historique de Frontenac portant un masque de hockey similaire à celui que porte le tueur en série Jason Voorhees dans la série de films d’horreur Vendredi 13.

La bande dessinée est davantage une présentation hallucinée du Québec, c’est un Québec parallèle, une Nouvelle-France parallèle. Je me suis permis beaucoup de libertés, explique le bédéiste, qui souligne que Lovecraft avait lui-même déjà fait plusieurs erreurs factuelles dans son récit initial.

Christian Quesnel et Ariane Gélinas se sont également permis d’ajouter des pans de l’histoire du Québec qui avaient été escamotés par Lovecraft, comme l’importance de Jeanne Mance dans la fondation de Montréal ou encore la place des Autochtones dans l’histoire de la Nouvelle-France.

Il a vraiment adoré la ville de Québec, mais il était condescendant par rapport à [sa population]. Il ne se voyait d’ailleurs pas comme un Américain, il refusait la révolution et l’indépendance américaine, il se voyait comme un sujet britannique, affirme Christian Quesnel.

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Une porte d’entrée fantastique vers l’histoire du Québec

Les illustrations de Christian Quesnel ont été créées sur du papier de couleur, à l’aquarelle, un matériau qu’il a aussi utilisé pour ses deux albums précédents. Le bédéiste explique que, lorsqu’il travaille sur une table à dessin inclinée, l’aquarelle descend et laisse ainsi des coulisses qui donnent à ses images leur style particulier.

En créant La cité oblique – un travail colossal qui a duré plus de trois ans –, Christian Quesnel a d’abord voulu créer quelque chose de ludique, après avoir traité de deux sujets lourds (le suicide et une tragédie ferroviaire) dans ses deux albums précédents.

Il pense toutefois que sa dernière création peut également faire œuvre utile en intéressant les gens à l’histoire d’une autre manière. Tout au long de la création du livre, j’ai pensé au jeune adolescent que j’étais. J’aurais aimé découvrir l’histoire du Québec de cette façon-là, explique-t-il.

J’espère que les gens vont lire ça et qu’ils vont avoir envie de découvrir qui était Cartier, qui était Champlain, qui était le gars avec le masque de hockey qui s’appelait Frontenac.

La cité oblique arrivera en librairie dès mardi. La bande dessinée est publiée par les Éditions Alto.

Ce texte a été écrit à partir d’entrevues réalisées par Alex Boissonneault, animateur de l’émission Première heure, ainsi que par Tanya Beaumont, journaliste culturelle à ICI Québec. Les propos ont pu être édités à des fins de clarté ou de concision.