
Une des toutes premières scènes de la série Game of Thrones (HBO), réputée la plus populaire de l’histoire de la télé, montre la relation sexuelle entre la reine Cersei Lannister et son frère jumeau Jaime. Les trois enfants royaux attribués au roi Robert Baratheon sont nés de cette union incestueuse. La découverte du terrible secret par le jeune Bran Stark déclenche des événements cataclysmiques qui occupent les volumes de la saga littéraire A Song of Ice and Fire, de George R. R. Martin, et ses dérivés télévisuels.
Il n’y a pas que là. L’inceste est également présent dans les séries Rome, The Tudors ou The Borgias. Il y est presque toujours représenté comme naturel, innocent, sans domination et donc sans coupable ni victime. Le leitmotiv imprègne le cinéma, de Souffle au coeur à Marguerite et Julien. Même la série Star Wars a osé s’aventurer sur ce terrain sulfureux. Les plateformes pornos ont développé un genre très populaire autour de catégories familiales comme « step mom », MILF ou « daddy »…
« L’inceste qui est le plus courant dans notre société, celui entre un père (ou une figure paternelle) et sa fille, est quasiment absent des séries télé, alors que l’inceste adelphique, entre un frère et une soeur, lui, est surreprésenté », dit Iris Brey, docteure en études cinématographiques, qui vient de codiriger avec Juliet Drouar l’ouvrage collectif La culture de l’inceste (Seuil). Elle a été interviewée alors qu’elle était à Paris.
« Dans la culture, l’inceste n’est pas décrit comme une violence sexuelle, mais comme une pratique érotique faite pour titiller. En plus, depuis le film Lolita, de Stanley Kubrick, la responsabilité du déclenchement de la pratique incestueuse est mise sur la jeune fille, non pas sur l’agresseur. Tous nos messages sont brouillés », explique Iris Brey.
Le sujet enténébré est traité dans l’ouvrage qui calque son titre sur la formule de la culture du viol. Dans les deux cas, l’idée fondamentale est de penser les violences sexuelles en termes culturels et non individuels pour finalement rappeler la tolérance, voire l’encouragement de telles pratiques.
« Ce qui m’a paru flagrant, c’est qu’il y a beaucoup de stéréotypes autour des violences sexuelles incestueuses,
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