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La force de frappe de l’immobile

Source : Le Devoir

« Blanche-Neige, Aurore, la princesse au petit pois, Juliette aux côtés de Roméo, Charlotte Perkins Gilman, , Joan Didion, et tous les cadavres de filles qui jonchent le paysage de nos télé-images, sait-on où chercher les héroïnes après qu’elles ont quitté le lit qu’on leur avait préparé », écrivent Jennifer Bélanger et Delvaux, dans l’ poétique Les allongées, qui hommage à la puissance que recèle la vie horizontale.

Dans notre imaginaire social, la femme allongée se réduit à peu de chose : la belle endormie, dans l’attente du héros, l’amoureuse, possible parce que figée dans le temps et le silence, l’hystérique, en proie à sa faiblesse, les victimes, symboles de la sempiternelle tragédie de la féminité.
 

Pourtant, dans la position étendue de laquelle elles s’échangent les fragments qui forment leur essai, les autrices — souffrant toutes deux de douleurs chroniques —, voient et revendiquent la pensée en action, la force de création et le potentiel révolutionnaire qui grondent chez les accidentées, les endolories, les insomniaques, les mères, les rêveuses et les survivantes.

« On entretient l’idée selon laquelle une personne qui est confinée à son lit ne sert à rien, comme si la productivité était forcément verticale, dit . Pourtant, on multiplie les rôles. Je me souviens des longues heures passées à côté de ma fille dans l’attente qu’elle s’endorme, lorsqu’elle était toute petite. On peut penser que j’étais en train de l’accompagner pour qu’elle devienne une humaine productive et confiante. Mais c’est perçu comme une perte de temps. »

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