Source : Le Devoir
À 39 ans, Véronique Cyr se retrouve alitée à la clinique de grossesse à risque élevé de l’hôpital Sainte-Justine. Entre deux alertes, elle griffonne, prend des notes, tente de faire poème de la peur. « Mon corps n’appartient plus à la poésie, il appartient au foetus. » En état de veille constante, elle met en mots les naissances et cherche des pistes pour expliquer le souvenir d’une blessure, « tragédie de paille » parmi toute la violence des hommes qui ravagent les femmes. Passant du vers à la prose, puis à la lettre, la voix de la poète se consolide au rythme de sa pensée, semant et cherchant à tâtons des pistes et des signes pour en expliquer les dédales, pour décrypter les liens qui unissent le scalpel destiné à lui charcuter le ventre et les mères courage tenues devant l’oxymètre aux souvenirs d’une machette brandie, d’un hidjab noué jusqu’à l’asphyxie, de la douceur insupportable d’une neige de décembre tombée sur des cadavres de filles. La plume hésitante, analytique et bouleversante de Véronique Cyr est ancrée dans une réalité tangible.
La jeune fille des négatifs
★★★ 1/2
Véronique Cyr, Les Herbes rouges, Montréal, 2022, 120 pages
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