« On s’imagine guérir le monde, alors qu’on ne fait que panser ses propres plaies », écrit July Giguère dans son plus récent roman, La naissance d’Agathe. L’autrice, dont l’oeuvre s’est déjà penchée sur les thèmes de la filiation et des traumas, remonte le fil d’une histoire intime pour y débusquer l’origine de tics amoureux, de peurs et de pulsions, à dessein de s’interroger sur leur transmission.
On retrouve Lili, narratrice et protagoniste, au chevet de sa petite fille de quelques mois, Agathe. Sa nouvellematernité est heureuse, mais elle ravive aussi les blessures d’un récit familial traversé de violences, d’abus et de conflits : « La nuit où j’ai mis [ma fille] au monde, toute la frayeur contenue de mon enfance a ressurgi pour m’avaler. »
Lili ressent le besoin de nager à contre-courant, de remodeler les a priori pour y voir plus clair. Elle revisite les prescriptions sociales aussi bien que sa propre histoire, y cherchant une paix qui lui permettra de ne pas transférer son fardeau à sa fille. Sondant la question de la transmission, elle prend acte de ses responsabilités : « Les enfants sont semblables partout, depuis toujours. Ce sont leurs parents qui ne sont pas égaux. »
Dans le même esprit, elle réaffirme que « ce sont les enfants qui aiment inconditionnellement ceux qui en ont la charge, aussi inaptes se révèlent-ils parfois, et non l’inverse, comme on le prétend. » Afin d’honorer cet amour, mais aussi parce que son attachement pour sa mère et ses aïeules, aussi imparfaites soient-elles, est inconditionnel, elle tente
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