Tenir le phare
Native du Caire, et dont les origines sont gréco-libanaises et franco-géorgiennes, Nora Atalla vit au Québec depuis son enfance. Entre les emmurés et les autres, dehors, peu de rapports, sauf les suppliques pour la liberté et la lumière : « nous interrogeons l’inexplicable / quémandons la pitié » alors qu’il reste à « rêver / genoux calés dans la terre / pour toucher le silence / des pierres et des prières ». En apparence désespérée, cette poésie ne cesse de revendiquer, car « la guérison dépend de la sévérité des fractures ». La poète reprend sa thématique des pierres qui obstrue la liberté. C’est une image obsessionnelle dans cette poésie de la dénonciation. Il faut sans doute que des voix vigilantes s’élèvent encore quand l’heure est à l’horreur, que les massacres perdurent, « si l’imperméabilité de la pierre persiste / la poésie mourra avec la nature ». Une voix indignée s’élève, et c’est en soi un exploit. Reste que la question posée dans son avant-dernier recueil, Morts, debout !, est toujours d’une redoutable pertinence : « comment dans les pierres / sculpter des colombes ? »
Hugues Corriveau
La révolte des pierres
★★★ 1/2
Nora Atalla, Écrits des Forges, Trois-Rivières, 2022, 112 pages
Danser avec les mots
« Lisible et illisible », dit Frédéric Dumont dans sa préface à propos des poèmes de Marcel Hébert. « Ludique » est le maître mot de ce langage : « La volière est un oiseau / de milliards de têtes ». L’oeuvre
[...] continuer la lecture sur Le Devoir.