Coup roux ou couroucoucou
Est-ce ainsi qu’il faut entendre le titre Courroux courroux de Marc. A. Reinhardt, qui vient de paraître à l’Oie de Cravan ? Ou est-ce notre lecture qui est déviée par cette euphorie sonore que constitue le recueil ? « Tant pis tant mieux », « trop loin trop tard », « surprise surprise », « courroux courroux » scandent les textes. Mais son côté (encore, mais si, encore) automatiste a des relents de déjà-vu. Chose certaine, les poètes qui complexifient leur écriture à loisir laissent perplexe. L’originalité de Reinhardt tient sans doute à ce qu’il parsème (peut-être bien involontairement) des vers qui ont du sens. Ils éclairent l’entreprise par ce biais, comme en porte-à-faux. Retenons, parmi ses plus beaux poèmes : « Je dors avec des roches / dans l’espoir qu’elles fleurissent / quelque part dans mes rêves / que j’oublie toujours. » Nous voulons bien accompagner la scansion du poète. Mais que faire quand il susurre : « Oui sera la vraie syncope / pelletant coudes serrés / le verre de fenêtres démunies » ? Un projet plus clair, une confiance plus aiguë dans le sens obvie du poème mènerait sans doute à une poésie plus efficace.
Hugues Corriveau
Courroux courroux
★★1/2
Marc A. Reinhardt, L’Oie de Cravan, Montréal, 2022,78 pages
Souffrance de naître
Trop d’enfants sur la Terre, dénonce le poète, mais dans quel sens faut-il entendre une affirmation aussi terrible ? Il en naîtrait trop, ou les enfants du malheur, de la guerre
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