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L’âge fragile | Au cœur des Abruzzes

Paru en premier sur (source): journal La Presse

Parmi les écrivaines italiennes de talent qui nous ont raconté leur coin de pays ces dernières années, il y a Rosa Ventrella, qui nous a entraînés dans les quartiers durs de son Bari natal. Et il y a Donatella Di Pietrantonio, une dentiste à la retraite qui a publié son premier roman à près de 50 ans. Et qui a franchi un nouveau palier avec L’âge fragile, lauréat du italien (le Strega), traduit dans une vingtaine de pays et en cours d’adaptation au cinéma.


Publié à 9 h 00

Le roman, dédié « à toutes les survivantes », est inspiré d’un fait divers qui a secoué non seulement les Abruzzes, où le drame est survenu, mais l’ entière il y a quelques décennies.

Trois générations ressassent leurs tourments dans ce petit village au pied de la montagne où Lucia voit sa fille Amanda revenir de , où elle étudiait, muette et éteinte. Alors que celle-ci passe ses journées enfermée dans sa chambre, Lucia doit composer avec l’héritage que son propre veut lui léguer de son vivant : une terre à flanc de montagne, laissée à l’abandon et réputée maudite à cause de ce qui y est arrivé 30 ans plus tôt, malgré la grande beauté des lieux. Un fardeau, un piège, en dira la quinquagénaire qui regrette de ne pas être partie quand elle était jeune.

Quel est donc cet âge fragile ? C’est celui où, en une nuit, on peut être projeté tout à coup dans l’âge adulte. Voir sa vie tomber « dans un avant ou un après », écrit Donatella Di Pietrantonio.

Peu à peu, elle nous raconte le drame qui s’est produit à l’époque et celui qui a ramené Amanda à la maison. À coups de phrases courtes, au rythme saccadé, installant un climat de tension palpable dès les premières pages.

À 30 ans d’intervalle, l’histoire se répétera. Comme si certains destins étaient condamnés à emprunter les mêmes sentiers, peu importe le temps qui passe ou la distance que l’on s’é à mettre entre son existence et les lieux de son enfance. « Les endroits ne sont pas coupables », écrit-elle. Mais ils nous rattachent irrémédiablement à une part de nous-mêmes qu’il est impossible de fuir, comprend-on au fur et à mesure que l’on s’immerge dans la tragédie qui s’est jouée dans ce coin des Abruzzes où, comme dans bien des régions montagneuses, on se méfie de ceux qui viennent d’ailleurs autant que de la mer, pourtant toute proche.

À mi-chemin entre En bas dans la vallée de et Les survivants d’Alex Schulman, Donatella Di Pietrantonio réussit à construire une intrigue tendue entre passé et présent. Et nous fait réfléchir, au passage, aux raisons insondables qui font que certaines personnes quittent les lieux où elles sont nées alors que d’autres restent « au seul endroit possible », ayant échoué à en imaginer un autre.

L'âge fragile

L’âge fragile

Donatella Di Pietrantonio
(traduit de l’italien par Laura Brignon)

Albin Michel

253 pages

8/10

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Donatella Di Pietrantonio(traduit de l’italien par Laura Brignon) L’âge fragile



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