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Rituel estival désormais bien ancré, Le 12 août, j’achète un livre québécois revient pour une 12e édition alors que la guerre commerciale menée par Trump a renforcé la volonté de consommer local de bon nombre de Québécois. Andréanne Perron, de la librairie Marie-Laura à Jonquière, donne 10 suggestions de lecture pour les adultes, mais aussi pour les plus jeunes.
Eka ashate – Ne flanche pas, de Naomi Fontaine
Commençons par la recommandation numéro un que fera la libraire Andréanne Perron à ses clients le 12 août. Dans Eka ashate – Ne flanche pas, l’autrice innue, à qui l’on doit Kuessipan (2011), donne une voix aux aînés de sa communauté.
Ce roman met en lumière les souffrances vécues par ces hommes et ces femmes, mais aussi leur force ainsi que leur capacité à faire résister leur langue et leurs coutumes.
Naomi Fontaine a le don de jeter un regard lumineux sur la quotidienneté, elle nous chavire facilement dans la plus grande simplicité. C’est un magnifique livre à mettre dans toutes les mains!

Naomi Fontaine avec son roman « Eka ashate – Ne flanche pas », paru le 4 août aux éditions Mémoire d’encrier
Photo : Radio-Canada / Shushan Bacon
Le bonheur, de Paul Kawczak
Cinq après son premier roman Ténèbre plusieurs fois primé, l’écrivain montréalais d’origine française Paul Kawczak nous transporte cette fois dans son pays natal, occupé par les nazis en 1942.
Jacquot, Pinou et Suzanne sont trois enfants qui se cachent dans une grotte située sous un château. Ils sont traqués par un homme sans visage, le SS-Sturmbannführer Peter Pannus, qui pense qu’ils ont des pouvoirs magiques.
Ce tout nouveau roman se veut un hommage aux enfants et aux femmes qui ont fait face au fascisme.
Tout aussi dense et exigeant que Ténèbre, ce livre à l’écriture précise et tranchante est d’une grande beauté. C’est une œuvre troublante et profondément actuelle qui nous pousse à réfléchir.

Le roman « Le bonheur », de Paul Kawczak, est édité par La Peuplade.
Photo : Facebook/La Peuplade
Plage Laval, de Rafaële Germain
Succès littéraire de l’été au Québec, Plage Laval, écrit avec tendresse, marque le retour de Rafaële Germain à la fiction après 12 ans d’absence.
Quittée par son mari après 25 ans de relation, Laurence, 48 ans, emménage dans un vieux chalet bordant la rivière des Mille-Îles, à Laval-Ouest. En quête de solitude et d’elle-même, elle finit par se trouver une communauté qui la libère et par être rattrapée par la vie.
On retrouve avec bonheur la plume vive et attachante de Rafaële Germain dans ce roman à la fois drôle et touchant. Léger en surface, ce livre porte en creux de vraies réflexions et célèbre l’humanité.

« Plage Laval », de Rafaële Germain, est édité par Libre Expression
Photo : Libre Expression
La corde blanche, de Helen Faradji
Quand un corps mutilé est découvert dans un stationnement de Montréal en 2006, Omar Masraoui est arrêté. Tous deux détectives, ses amis Lisa et Thomas ne le croient pas coupable. Ils se lancent dans une enquête parallèle afin de trouver le meurtrier et innocenter Omar.
Dans un Québec en pleine crise des accommodements raisonnables, ils vont être confrontés à un complot politique.
Nouvelle voix forte de la littérature policière québécoise, Helen Faradji explore les zones grises du deuil, de la mémoire et de la justice. Son écriture maîtrisée capte l’ambiance d’un Montréal assez feutré où le silence en dit long. C’est une belle réussite aussi prenante qu’intelligente!

« La corde blanche », de Helen Faradji, est publié par Héliotrope.
Photo : Facebook/Héliotrope
Uashtenamu : Allumer quelque chose, de Marie-Andrée Gill
Plusieurs fois récompensée pour son précédent recueil Chauffer le dehors (2019), la poétesse ilnue Marie-Andrée Gill a repris la plume pour composer des poèmes navigant entre l’intime et l’universel.
Accueillir la vie qui pousse sur la mort/tout le temps/partout/depuis toujours
, écrit-elle dans Ilnuatsh, humains.
Ancré dans la simplicité, Uashtenamu : Allumer quelque chose est une invitation à accepter la réalité pour en faire de la beauté, mais aussi à se tourner vers les autres.
Marie-Andrée Gill écrit avec une force tranquille. C’est vraiment un petit bijou à savourer, à lire lentement pour en saisir la portée.

Le recueil « Uashtenamu : Allumer quelque chose », de Marie-Andrée Gill, est son quatrième ouvrage publié aux éditions La Peuplade.
Photo : Radio-Canada / Jean-François Villeneuve
La mère des larves, de Maude Jarry
Rien ne va pour Sarah, une technicienne vétérinaire trentenaire. Son conjoint la quitte, car elle refuse de devenir mère; les chats, même le sien, se mettent à l’attaquer; sa mère la presse d’enfanter et elle souffre de terribles douleurs abdominales inexpliquées, que les médecins ne prennent pas au sérieux.
Invalidée dans sa souffrance comme tant de femmes victimes du paternalisme médical, la stérilisation, qui pourrait la libérer de ses douleurs, lui est pourtant refusée par les médecins.
C’est un roman d’horreur, tout sauf traditionnel, avec de l’humour et une galerie de personnages hauts en couleur. C’est cru et étrange, mais traversé d’une grande forme de grâce.

« La mère des larves », de Maude Jarry, est publié aux éditions de Ta Mère.
Photo : Facebook/Les éditions de Ta Mère
Poudre à danser, de Stéphane Lafleur
Chanteur et guitariste du groupe Avec pas d’casque, mais aussi réalisateur notamment du film Viking et de la websérie Chef d’orchestre, Stéphane Lafleur est également poète.
Coup de cœur de la librairie Marie-Laura, son premier recueil tourne autour du rapport au temps. Il réunit de courts poèmes – des arrêts sur l’image, à emporter
selon l’auteur – empreints de douceur.
Dans ce recueil au charme un peu absurde, l’auteur réussit à capter les flottements du quotidien dans une grande justesse. Ses poèmes en apparence simples touchent pile au bon endroit. C’est une poésie douce-amère, super accessible, qui nous transporte.

Le recueil « Poudre à danser », de Stéphane Lafleur, est publié par L’Oie de Cravan.
Photo : L’Oie de Cravan
Les canots de Satan, d’Alexandre Fontaine Rousseau et de Xavier Cadieux
Clin d’œil à notre folklore québécois, cette bande dessinée propose une réécriture éclatée à souhait de La chasse-galerie, de Honoré Beaugrand.
Dans les premières pages, le Diable toque à la porte du bureau d’Alexandre Fontaine Rousseau et de Xavier Cadieux, qui sont en pleine panne d’inspiration après leur succès La pitoune et la poutine. Déplorant d’être passé de mode, il demande aux deux bédéistes d’écrire un livre à sa gloire.
C’est une BD aussi délirante que brillante, grâce à l’humour absurde et au sens du pastiche de l’auteur. C’est un gros plaisir de lecture, parfait pour décrocher tout en restant un peu tordu.

« Les canots de Satan », d’Alexandre Fontaine Rousseau et Xavier Cadieux, est publié par les Éditions Pow Pow.
Photo : Facebook/Éditions Pow Pow
Le papillon monarque, de Kirsten Hall et d’Isabelle Arsenault
Écrit par l’Américaine Kirsten Hall, mais illustré par la Québécoise Isabelle Arsenault, Le papillon monarque se situe à mi-chemin entre l’album et le documentaire.
Ce livre jeunesse propose une histoire délicate sur le deuil, la transmission et la beauté du monde, tout en permettant aux jeunes lecteurs d’en apprendre plus sur cette espèce de papillon menacée.
D’une grande douceur, les illustrations sont vraiment magnifiques. Et le texte ne manquera pas d’éveiller les petits avec ses rimes dynamiques. C’est un livre destiné aux enfants à partir de 6 ans, mais il plaira assurément à toute la famille.

« Le papillon monarque », de Kirsten Hall et d’Isabelle Arsenault, est publié par La Pastèque.
Photo : Facebook/La Pastèque
La nuit du cadavre, de Myriam Vincent et Marie-Joëlle Fournier
Petit dernier de la Collection noire de la courte échelle, La nuit du cadavre suit Daphné et Camille, deux amies qui aiment partir se promener en pleine nuit quand leurs parents dorment.
Une nuit, elles découvrent un cadavre immergé dans le fleuve. Puis Daphné se rend compte qu’elle voit des fantômes. Les deux adolescentes se tournent alors vers Mathilde, une adolescente solitaire habituée au surnaturel.
Ce roman flirte avec le fantastique sans perdre de vue la sensibilité de ses personnages. C’est vraiment une belle porte d’entrée vers la littérature de genre pour les ados à partir de 12 ans.

« La nuit du cadavre », de Myriam Vincent et Marie-Joëlle Fournier, est édité par la courte échelle.
Photo : Facebook/Marie-Joëlle Fournier