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Le boom de la littérature romantique

Paru en premier sur (source): journal La Presse

Des sections « romance » apparaissent dans les librairies québécoises. Certaines écrivaines de ce genre se retrouvent en tête des palmarès des ventes. Et une maison d’édition spécialisée dans le domaine vient même de voir le jour au Québec. Portrait d’un phénomène en trois temps.


Publié à 10 h 00

L’éditrice

Jessyca David était en Suisse en 2023 quand elle a eu l’idée. « J’ai depuis une dizaine d’années une compagnie de vêtements de maternité et pour enfants, Nin9 Clothing », explique l’entrepreneure de Québec. « J’ai fait beaucoup de marketing moderne. Je constatais que l’édition au Québec est en décalage avec ce qu’on trouve sur les réseaux sociaux. Avec ma partenaire d’affaires, on a eu l’idée d’une maison d’édition de green romance. »

Ainsi était née Kairos, une maison d’édition spécialisée en romance lancée en août. « Kairos, ça veut dire synchronicité », explique Mme David. Kairos est spécialisée en green romance. « Ça vient en opposition aux red flags [drapeaux rouges], les comportements toxiques. »

PHOTO ISABELLE RICARD, FOURNIE PAR KAIROS

Jessyca David au lancement de Kairos en août

Ces comportements toxiques sont plus présents dans le genre dark romance, démocratisé par Fifty Shades of Grey. « Dans la dark romance, on joue sur la limite du consentement, dit Mme David. Personnellement, c’est très important d’amener le consentement comme quelque chose de sexy. On a tellement de difficulté à comprendre ce qu’est une relation saine. »

Le consentement est aussi important dans un autre genre très populaire, le romantasy. C’est un genre apparu quand les fans de Harry Potter ou des romans de Sarah J. Maas (les séries Throne of Glass et A Court of Thorns and Roses) ont voulu quelque chose de plus romantique, estime Mme David. « Dans le romantasy, il y a de la magie, des personnages fantastiques. Mais là aussi, l’héroïne est toujours en contrôle. »

« J’ai appris à lire avec Harry Potter, dit Mme David. En grandissant, je suis tombée dans la littérature New Adult. Arrivée à la trentaine, j’avais envie d’autre chose. Nous sommes beaucoup comme ça, ce qui explique la popularité de la littérature romance. »

Comme exemple de littérature New Adult, Mme David cite les autrices Colleen Hoover, Morgane Moncomble, Penelope Douglas, Lauren Asher et, au Québec, Alexandra Larochelle. Mme David a elle-même écrit du New Adult avec La note brisée et Quand t’es tombé.

La libraire

Le boom de la romance se traduit physiquement en librairie. « Avant, il n’y avait souvent pas de section romance dans les librairies, souligne Mme David. Maintenant, il y en a de plus en plus. »

« On a commencé la section romance en 2022 », dit Alexia Giroux, de la librairie Carcajou à Rosemère. « On avait deux bibliothèques, on a ajouté une moitié de table, et maintenant, on a une table complète pour le genre. Et on a récemment ajouté des sous-sections de romances, avec une petite table pour la romantasy. » Avant, les titres de romance étaient éparpillés, certains se retrouvant dans une section « érotique », souligne-t-elle.

Carcajou a « tous les jours » des demandes de titres précis de romance. « L’influence des réseaux sociaux est assez marquée, poursuit Alexia Giroux. Souvent, les gens viennent avec leur téléphone, ils montrent des photos d’une couverture sur les réseaux sociaux. Parfois, ce sont des titres parus en France, mais pas encore ici. » Aux États-Unis, des librairies spécialisées en romance voient même le jour. Le New York Times en a recensé une vingtaine dans un récent article.

La modératrice

La romance a aussi son groupe Facebook québécois intitulé Lectrices de romance. « Ça fait trois ans qu’on l’a parti », explique la modératrice Marie-Chantal Angers, de Verchères, qui écrit aussi des romans (Game Night, Briser la glace). « Je voyais des groupes européens et américains de romance. Avec des amies, on s’est dit qu’on devrait en lancer un. Avant, c’était un peu tabou de dire qu’on lisait de la romance. »

Le groupe a maintenant plus de 6000 abonnés. « C’est moins que pour le détective, il y a un groupe québécois qui a plus de 20 000 membres, dit Mme Angers. Mais on a des nouveaux membres chaque jour. »

L’origine de la passion de Mme Angers remonte à Anne… la maison aux pignons verts, série lue à 9 ans. « Depuis, il me faut une histoire d’amour qui me captive. » Elle a maintenant 38 ans et lie l’engouement actuel pour la romance aux séries Twilight de Stephenie Meyer et Outlander d’Anna Gabaldon.

Les romans Harlequin

Et les romans Harlequin, dans tout ça ? « C’est une relation en surface, dit Mme David. Une femme amoureuse d’un homme riche. La littérature romance, c’est beaucoup plus que ça aujourd’hui. » Cette entreprise canadienne fondée à Winnipeg en 1949, qui fait maintenant partie de HarperCollins, tire toutefois encore son épingle du jeu avec 1400 titres par année dans 19 pays et 130 millions d’exemplaires vendus en 2023.

En savoir plus
  • Un demi-million
    Nombre de livres vendus par Kairos depuis août

    Source : Kairos

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