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Le combat de Caroline Darian, fille de Gisèle Pelicot, contre la soumission chimique

 

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Caroline Darian, fille de Gisèle Pelicot, raconte dans son deuxième l’histoire de son père, qui a utilisé la soumission chimique pour commettre et permettre à d’autres de perpétrer des viols sur sa femme pendant 10 ans. L’autrice, qui allègue aussi des abus commis par Dominique Pelicot à son endroit, est d’ailleurs au cœur d’un documentaire qui sera diffusé jeudi à ICI RDI.

Trois ans après Et j’ai cessé de t’appeler Papa, Caroline Darian a fait paraître plus tôt ce mois-ci son deuxième livre, Pour que l’on se souvienne, qui retrace le parcours de criminel de son père, les terribles viols de Mazan qui ont secoué sa famille, ainsi que son combat pour toutes les victimes de soumission chimique.

De passage à l’émission Tout le en parle, elle a livré un témoignage poignant, relatant les événements qui ont mené au procès de Mazan, au terme duquel Dominique Pelicot et 50 coaccusés ont été reconnus coupables. Rappelons que Dominique Pelicot a été condamné à 20 ans de prison dans cette affaire, en décembre dernier.

L’histoire de notre famille a été couverte par les médias du monde entier, mais c’est juste l’arbre qui cache la forêt, a-t-elle expliqué sur le plateau de Guy A. Lepage. Dominique Pelicot, c’est sans doute l’un des prédateurs sexuels les plus importants des 20 ou 30 dernières années en .

Caroline Darian est assise dans le studio.22:47

Caroline Darian, fille de Gisèle Pelicot et autrice du livre «Pour que l’on se souvienne» était de passage à «Tout le monde en parle» dimanche soir.

Photo : A. Media / Karine Dufour

Un mode opératoire sournois

Caroline Darian a rappelé qu’en janvier dernier, son père avait été entendu par un juge d’instruction à Nanterre dans deux affaires non résolues, dont un meurtre avec viol à Paris en 1991, qu’il nie avoir commis, et une tentative de viol en Seine-et-Marne en 1999, qu’il a reconnue après la présentation de preuves d’ADN.

Le mode opératoire qu’il a exploré avec ma mère Gisèle, il l’avait déjà expérimenté auparavant puisque dans les années 1990, il droguait des gamines à l’éther pour les violer, a raconté l’autrice du livre.

Ce mode opératoire, la soumission chimique, consiste à administrer des substances psychoactives à une personne à son insu, dans le but d’abuser d’elle. Dans l’imaginaire collectif, on a tendance à l’associer à la drogue du viol, le GHB, administrée en versant quelques gouttes dans le verre d’une victime dans l’obscurité d’un bar. Mais c’est rarement ce qui se passe, selon Caroline Darian.

Gisèle Pélicot à sa sortie du palais de justice d'Avignon.

Gisèle Pelicot a été la victime de son Dominique et de dizaines d’inconnus de 2011 à 2020.

Photo : Getty Images / AFP / CLEMENT MAHOUDEAU

Ça peut être des drogues – du GHB, de la cocaïne, de la MDMA – mais ce n’est que 5 % des cas en France, c’est minoritaire, a-t-elle expliqué.

L’ensemble des cas recensés derrière, c’est l’administration de médicaments issus de l’armoire à pharmacie, qui sont détournés de leur propriété de base. Ce sont des anxiolytiques, des somnifères, des antihistaminiques, des anti-douleurs, donc ça passe inaperçu.

Et dans une grande partie des cas, ajoute-t-elle, les crimes sont perpétrés par des proches dans la sphère privée, et non dans la sphère publique. Ça peut être un père, un frère, un cousin, un oncle, un voisin, c’est près de 45 % des cas recensés en France.

Caroline Darian, victime oubliée du procès de Mazan

Caroline Darian aborde également dans son livre sa certitude d’avoir été elle aussi droguée et d’avoir été victime d’abus de son père. Sur le disque dur de ce dernier, la police a d’ailleurs trouvé des photos d’elle nue, dans des dossiers intitulés Ma fille à poil ou La fille de ma salope.

Elle a déposé une plainte, actuellement à l’étude, tout comme son neveu . Je pense que c’est la pire des trahisons qu’une femme peut ressentir quand elle découvre que son propre père a porté un regard incestueux sur sa fille, a-t-elle expliqué.

C’est toute une partie de mon enfance qui s’écroule, une partie de ma vie qui s’en va. Je vis une fissure à l’intérieur, une cicatrice qui ne se résorbera sans doute jamais.

Dessin de Dominique Pelicot assis en cour, sa tête accotée sur sa main, devant une avocate.

Dominique Pelicot comparaît au palais de justice d’Avignon, le 11 septembre 2024.

Photo : Reuters / ZZIIGG

M’endors pas : une association pour lutter contre la soumission chimique

Caroline Darian croit que sa mère a ouvert une porte pour les autres victimes de soumission chimique en poussant les portes du tribunal en septembre 2024, un geste qu’elle qualifie de vraiment remarquable. Mais elle précise que son cas est unique, ne serait-ce que par son abondance de preuves, la plupart des viols ayant été filmés.

Le cas de ma mère est un cas exceptionnel, au sens où toutes les preuves étaient là, des preuves tangibles et indiscutables. Mais comment font toutes les autres victimes?, se questionne-t-elle.

Comment font-elles pour passer les portes d’un commissariat, entrer dans une judiciarisation et aller dans un procès où elles vont se faire humilier? Comment font-elles pour sortir de huit ou dix heures d’audience et qu’il n’y a pas les haies d’honneur que ma mère a eues pendant ces quatre mois?

C’est d’ailleurs pour aider toutes ces femmes à sortir de l’ombre, malgré la lourdeur du processus, qu’a été mise sur pied l’association M’endors pas : stop à la soumission chimique (nouvelle fenêtre), que préside Caroline Darian et qui lutte contre le phénomène par le biais d’actions de sensibilisation, de prévention et de protection.

Le documentaire Soumission chimique : pour que la honte change de camp (nouvelle fenêtre) sera diffusé le jeudi 1er mai à ICI RDI.

Avec les informations de Le Monde

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