On emploie presque toujours le terme « boucherie » quand on fait allusion à la Première Guerre mondiale, et le roman de R. Lavallée, qui se situe précisément au coeur de l’action, près des tranchées, vient réaffirmer ce sinistre constat. En y ajoutant toutefois une nuance importante, réconfortante plutôt : même au milieu du pire, il peut y avoir de la place pour un semblant de justice.
Tout commence ici par un meurtre commis près d’une « maison close pour messieurs » non loin du front. On a déjà mis la main sur un soldat canadien, meurtrier désigné de l’agent de liaison de l’armée française assassiné ; ne reste plus qu’à trouver une preuve accablante pour le faire fusiller au plus vite. C’est dans ce contexte qu’on voit apparaître Matthew Callwood, ancien policier rappelé du front pour mener l’enquête. Si vous avez lu Tous des loups — le précédent roman de Lavallée, qui lui a valu le Prix du polar de Saint-Pacôme —, vous retrouverez avec plaisir ce personnage intègre et droit qu’on avait vu quitter le Grand Nord pour aller combattre en Europe.
Du coup, le caporal Callwood est promu lieutenant ; on lui donne tous les pouvoirs pour régler prioritairement l’affaire en cinq jours, six tout au plus, et on lui fournit même un assistant. Dans les faits, l’état-major canadien lui demande d’être aussi discret qu’efficace. Parce que, enfin, il ne faudrait pas se mettre à dos les Français en plus des Britanniques ! Ni ébruiter davantage ces « trucs d’homosexuels » dans l’armée canadienne alors que des milliers de « vrais » soldats
[...] continuer la lecture sur Le Devoir.