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Le Devoir comme professeur

Le Devoir Lire

Enfant, André Desroches lisait Le tous les soirs avant de se coucher. Seizième d’une famille de dix-sept, vivant dans une ferme laitière de Saint-Alphonse-de-Granby, il avait été forcé de quitter l’école en quatrième année pour subvenir aux besoins de la famille et de sa mère malade. « Tout l’argent qu’on faisait, c’était pour les soins de ma mère », se souvient-il.

« Mes parents étaient abonnés au Devoir. » Ils étaient probablement les seuls de la région à l’être, reconnaît-il. Quatre de ses tantes étaient enseignantes. «  m’a appris à lire, à écrire et à réfléchir. Les articles cherchaient davantage la cause des problèmes et les solutions », dit-il. André Desroches est ensuite devenu l’un des plus gros producteurs et commerçants de volaille au .

À l’époque, Maurice Duplessis et Louis Saint-Laurent étaient au pouvoir. « J’ai toujours été passionné de politique. » C’était avant le gouvernement libéral de Jean Lesage, par lequel est venue la nationalisation de l’électricité et l’assurance-maladie, qui aurait permis à sa mère de recevoir des soins de santé sans s’appauvrir encore plus.

Dans ces conditions, Le Devoir signifiait pour lui de rester en contact avec le . « On a été abonnés au Devoir pendant 50 ans. » Et le journal était livré tous les jours à sa famille, même si son peinait à payer son abonnement. « Le Devoir a même continué de nous le livrer pendant deux ans même si l’abonnement n’avait pas été payé. Mon père tardait parfois dans ses paiements, se souvient-il. Ça nous permettait d’avoir une actualité mieux détaillée. »

«Le Devoir» a 115 ans!

Un Devoir tous les soirs

C’est donc en lisant la une du Devoir chaque soir, avant de se coucher, faisant son « Devoir » donc, qu’il dit avoir appris à lire, à écrire et à s’exprimer. « Je n’allais pas me coucher si je ne l’avais pas lue », dit-il. Il luttait aussi contre la perspective de l’analphabétisme. « J’y ai aussi développé une fierté. Je ne voulais pas rester sans éducation. »

Aujourd’hui, à 79 ans, André Desroches a une bibliothèque riche de 5000 livres qui n’attend que d’être ée dans sa vaste maison d’Abercorn, un projet monumental auquel il travaille depuis sept ans. Il dit lire constamment, une foule de biographies, des livres d’architecture, des livres d’art. Passionné de l’héritage monarchique européen, il cite Pierre Legrand : « L’art, c’est la d’un peuple. »

« Enfant, déjà, j’avais la folie des grandeurs », se souvient-il.

André Desroches n’a pas perdu son temps. Reprenant la moitié de la ferme familiale au décès de son père, il a transformé l’entreprise de 50 vaches, qui avait appartenu à son père et à son grand-père, pour devenir producteur de volailles.

« Être tous les jours à la même heure et à la même place, ça me pose problème. C’est ce qu’il faut faire deux fois par jour, pour traire des vaches. Mais je peux travailler 18 heures par jour sans problème », explique-t-il. Lorsqu’il a eu 30 ans, son entreprise, Les Volailles André Desroches, devenait le premier producteur de poulet au Canada. Lorsqu’il en a eu 50, son entreprise était la première entreprise de commerce de poulet au pays. Encore aujourd’hui, Les Volailles André Desroches, dont la direction est désormais assumée par son fils, produisent 5 % des œufs du .

Une autre passion

Car c’est une autre passion qui dévore aujourd’hui l’homme. Sa maison, dont la construction a été entamée il y a 14 ans, est largement inspirée des châteaux de la monarchie française. Dans sa future chambre, le plafond de bois précieux a été dessiné à partir de celui conçu au-dessus du lit de Louis XV.

« Quand la maison sera finie, je n’aurai rien à envier à Versailles », dit-il avec un sourire en coin.

De Versailles, notamment de « la chambre des gardes de la reine », il s’est d’ailleurs inspiré pour réaliser les moulures qui ornent certains murs. Plafonds, murs et planchers ont été précieusement sculptés par des ébénistes dans 35 essences différentes de bois, dont il aime décliner les noms exotiques. Dans les pièces qui se succèdent, les armoires vitrées abritent de la vaisselle ayant appartenu à Marie-Antoinette ou à des proches de Napoléon, et une collection d’œufs de Fabergé provenant de la famille impériale russe.

Il n’est pas impossible que cette maison devienne un jour un musée.

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