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Il y a longtemps que je n’ai lu mon Modiano d’été.
Pourtant, chaque année depuis plus de 20 ans, je consacrais au moins quelques jours de vacances à cet écrivain, parmi mes favoris.
Je ne me jetais plus sur ses nouveautés, me contentant de relire ses plus anciens romans, en poche chez Folio. (Je bazarde presque tous mes livres, sauf quelques exceptions, dont l’œuvre d’une discrète beauté qu’est celle de l’homme dont le costume gris est une extension de son élégante prose.)
Patrick Modiano refait toujours plus ou moins le même roman, de toute manière.
Celui d’une contrevie entre le récit biographique — le sien ou souvent aussi celui de ses parents — et le rêve éveillé. Petites trahisons, minuscules et opaques conspirations, disparitions, quêtes mélancoliques. On ne sait jamais trop bien ce qui s’y trame, le fil narratif est ténu, et pourtant, la prose économe et la capacité à fabriquer des ambiances de l’écrivain goncourisé (pour le magnifique Rue des Boutiques obscures, en 1976) et nobélisé (en 2014) opèrent presque chaque fois.
J’en lisais donc toujours l’été pendant mes vacances, c’est devenu une tradition au fil du temps.
J’ignore comment ça a commencé ou pourquoi. Si ce n’est qu’il flotte alors, dans l’air chaud du mois d’août, une sorte de mélancolie et quelque chose de prodigieux. Les jours et les nuits n’ont plus la même consistance. Les gens sont soudain plus mystérieux et fascinants que d’habitude.
Les vacances ont le don de faire exulter l’ordinaire pour le rendre merveilleux.
Or,