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LITTÉRATURE JEUNESSE — TEXTE
Jean-François Sénéchal
Les avenues
Leméac Éditeur
Comment s’est déroulée la création de Les avenues ?
Avec Les avenues, j’ai donné une troisième et dernière fois la parole à Chris, le héros de ma trilogie. Les autres personnages rencontrés dans les deux premiers tomes font eux aussi un dernier tour de piste, ce qui m’a permis de leur dire adieu, je dois dire avec émotion. Mais mes personnages sont maintenant en bonnes mains, celles des lectrices et des lecteurs, alors je pense pouvoir quitter avec sérénité cette aventure qui m’a demandé cinq ans de travail.
Avec Les avenues, j’ai voulu explorer d’autres moments dans la vie de Chris, avec ce qu’ils comportent d’enjeux nouveaux, particulièrement ceux en lien avec la parentalité. J’ai aussi voulu que la relation entre Chris et sa mère évolue en profondeur afin que les deux personnages puissent enfin trouver la place qui leur revient dans la vie de l’autre. Au final, je souhaitais tout simplement que ce troisième et dernier tome soit mon meilleur roman.
Que souhaitez-vous que les lecteurs retiennent de votre livre ?
Je crois que le monde actuel manque cruellement de bienveillance et d’empathie. Il ne faut pas être trop crédule, bien sûr, mais j’aime penser que par-delà les erreurs et les mauvais pas, nous avons tous droit à une nouvelle chance. Au pardon. J’espère que mon roman permet de mieux le faire valoir.
EXTRAIT
Quand Joseph est né, je t’ai envoyé une carte. Papa avait trouvé ton adresse à Vancouver, pis il pensait que c’était une bonne idée de t’annoncer la bonne nouvelle. Moi aussi, je trouvais que c’était une bonne idée, ça fait que je suis allé à la pharmacie. C’est pas facile à choisir, une carte, surtout quand on veut être sûr d’acheter la meilleure. J’en ai vu avec des lumières qui allument pis d’autres qui font des bruits d’animaux. Y en a même qui font des jokes cochonnes, j’en reviens pas que les magasins vendent ça.
J’ai lu beaucoup de cartes, j’ai ri en masse, pis j’ai pas vu le temps passer. Mais il fallait que je me décide, ça fait que finalement, j’ai acheté une carte où c’était écrit « C’est un garçon ! », avec un dessin de bébé dans une couche. J’ai trouvé que le bébé ressemblait à Joseph, ça tombait bien. Dedans, y avait beaucoup de place pour écrire, c’était parfait.
Je suis revenu chez nous en me demandant qu’est-ce que j’allais t’écrire. J’étais habitué de te parler dans ma tête, mais c’était différent d’écrire des affaires que t’allais lire, c’est sûr et certain. Chloé m’a aidé avec la carte, papa aussi, parce qu’il était revenu de travailler des États. Chloé m’a dit d’écrire qu’est-ce que je voulais te dire, j’ai trouvé que c’était un bon début. Papa m’a dit qu’il était pas tellement bon pour écrire des lettres, pis que le plus important, c’est d’écrire avec son cœur. J’étais content de savoir ça, parce que madame Toussaint m’a déjà dit que je parle avec mon cœur, pis écrire, c’est un peu comme parler, mais avec un crayon. De toute façon, j’aurais l’impression de tout le temps mentir si je parlais pas avec mon cœur, pis je finirais par me tromper dans mes menteries. Être honnête, c’est pas mal moins compliqué.