Source : Le Devoir
Jean–Simon DesRochers a déjà cinq romans, trois recueils de poésie et plusieurs nouvelles derrière la cravate lorsqu’en 2017 son ami l’écrivain Mathieu Arsenault le prend de court avec une question pourtant fondamentale : pourquoi ressent-il le besoin de multiplier le nombre de personnages dans ses oeuvres, de s’approprier tant de vies qui ne sont pas la sienne ?
Il est vrai que l’auteur est passé maître dans l’art du roman polyphonique. La canicule des pauvres (Les Herbes rouges, 2009) donnait à voir les pensées de 26 locataires d’un immeuble montréalais, le temps d’une canicule suffocante. Le sablier des solitudes (Les Herbes rouges, 2011) et Les inquiétudes (Les Herbes rouges, 2017) en faisaient tout autant, le premier dans un contexte de carambolage, le second dans celui d’un enlèvement.
« La question de Mathieu m’a tant fait réfléchir qu’elle m’a amené à aller chercher un diagnostic d’autisme », raconte Jean-Simon DesRochers, rencontré dans son bureau à l’Université de Montréal, où il enseigne la création littéraire. « Si je suis obsédé par toutes ces altérités, c’est parce que je ne les comprends pas. Je les ressens profondément, mais je ne les comprends pas. Vivre par procuration grâce à la fiction me rend le monde un peu plus lisible. »
Effet papillon
Son nouveau roman, Le monde se repliera sur toi, est certainement son plus ambitieux. Cette fois, ce sont cinquante personnages qui s’enchaînent dans une suite de microrécits reliés par un effet papillon élégant et rigoureux.
Le défi, c’était de créer des personnages qui pleurent, rient,
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