Le Prix France-Acadie s’abstient de récompenser un livre « qui ne le mérite pas »

Le jury du Prix France Acadie a décidé de ne pas attribuer sa récompense cette année. Il a indiqué préférer s’abstenir de distinguer un livre « qui ne le méritait pas » afin de préserver la réputation du Prix.

Les livres envoyés par les éditeurs étaient cette année de moins bonne tenue que certaines années, a écrit dans un communiqué le président du Prix France-Acadie, Alain Dubos.

Douze œuvres rendues publiques il y a quelques mois sur le site Internet des Amitiés France-Acadie étaient en compétition cette année.

La totalité des candidatures reçues était issue d’œuvres publiées par les maisons d’édition La Grande Marée et des Éditions de la Francophonie.

Le Jury a quand même tenu à souligner le travail de la romancière Vanessa Léger pour ses trois volumes de la saga L’Averti, en la qualifiant d’œuvre puissante et agréable à lire.

Le Prix France Acadie a été fondé en 1979. L’association Les Amitiés France-Acadie a comme mandat de développer les relations culturelles et amicales entre les Acadiens, les Français et les descendants d’Acadiens depuis 1976.

Depuis ses débuts, c’est la deuxième fois que le Prix France-Acadie n’est pas remis. En 2016, le conseil d’administration avait mis en place un moratoire d’un an afin de revoir son jury et faire un aménagement dans les règlements du prix.

Les organisateurs ont confirmé que le concours littéraire sera de retour en 2024.

Un prix toujours pertinent?

Ce qui surprend le plus le professeur en littérature acadienne à l’Université de Moncton Benoit Doyon-Gosselin, c’est de constater que seuls les auteurs de deux maisons d’édition ont soumis leur candidature pour le Prix France-Acadie 2023.

Est-ce une sorte de boycottage d’un prix qu’on trouve qu’il n’a plus d’incidence? , se questionne-t-il.

Selon le professeur, les œuvres qui gagnent ce prix chaque année reflètent une vision acadienne un peu plus passéiste et nostalgique du bon vieux temps en Acadie.

En Acadie, il n’y a pas tant de romans que ça qui sont publiés, c’est beaucoup plus de la poésie et du théâtre. Ça pourrait être des genres plus éclatés, mais est-ce que ce jury-là est prêt à recevoir des textes qui sont un peu différents puis tout ça?, dit-il. Ce n’est pas pour rien qu’il n’y a pas d’œuvres qui ont gagné avec du chiac.

Benoit Doyon-Gosselin a également qualifié d’indélicate la démarche du Prix France-Acadie cette année.

Pourquoi avoir mis toute la liste des œuvres nominées dans une annonce, avec la liste des œuvres, pour, trois mois plus tard, dire que toutes ces œuvres-là ne méritent pas de prix?, lance-t-il. C’est un peu malaisant pour les gens qui sont soumis.

L’un des finalistes, Donald Boudreau, partage avoir été un peu déçu lorsqu’il a appris la nouvelle.

J’attendais pour la fin septembre, quand ils étaient supposés de nommer un gagnant, et ce n’est jamais venu. À un moment donné, j’ai su par la maison d’édition qu’il y avait eu un problème et ils avaient tout cancellé pour cette année, dit celui qui a écrit La guerre à Emery à Edmond.

Je doute que j’essaierai de nouveau. Surtout avec les commentaires que j’ai reçus de mon livre, je n’essaierai pas avec celui-là.

Avec des informations de Kristina Cormier