Source : Le Devoir
Marc Aurèle (121-180) a eu un destin aussi bien exceptionnel que paradoxal. Durant 20 ans de règne, l’empereur inflexible et tourmenté doit affronter une multitude d’épreuves et de trahisons. Les invasions de tribus germaniques fragilisent les frontières occidentales d’un empire à la taille colossale, les épidémies se multiplient, les famines et les catastrophes naturelles mettent à mal la cohésion intérieure. Cependant, l’homme aux incessantes campagnes militaires a traversé les siècles en tant que figure majeure de la philosophie antique.
« C’est que rien ne prédisposait Marc Aurèle à devenir empereur », lance en entrevue téléphonique Frédéric Lenoir. « Quand il a appris à 16 ans qu’il allait un jour devenir empereur, cela l’a totalement accablé. Il n’avait qu’une seule envie, celle de mener une vie sobre et austère entièrement vouée à la réflexion philosophique. »
Mais les dieux en ont décidé autrement. Une nuit, Marc Aurèle a rêvé que les divinités du panthéon romain lui mettaient des épaules en ivoire pour qu’il puisse supporter sa charge d’empereur de Rome. « C’est à partir de là qu’il a accepté la mission, car il a senti qu’il était soutenu par une force supérieure », raconte l’essayiste, qui signe un ouvrage accessible à la fois philosophique et biographique.
« Ce qui est admirable, c’est cet effort qu’il a fait pour être un bon gouvernant alors qu’il n’avait pas envie de gouverner. Il dormait très peu les nuits pour pouvoir étudier à fond les dossiers qu’il devait juger. »
L’empereur du IIe siècle abhorrait la violence. Cultivé et lettré, il était adepte d’une philosophie stoïcienne universaliste dans laquelle tous
[...] continuer la lecture sur Le Devoir.