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L’histoire
Dans cette saga familiale, plusieurs histoires s’entrecroisent : celles de Mary Gallagher, légende du folklore québécois, du tavernier Charles McKiernan, ami des démunis, et du petit Aimé, qui voyage dans le temps pour retrouver un amour perdu. Le tout se déroule dans un Montréal tantôt urbain, tantôt rural, qui nous montre aussi bien les bas-fonds des tavernes de Griffintown que les champs de melons brodés, au pied du mont Royal, qui faisaient la fierté de la ville.
(Marchand de feuilles, 456 p.)
3 bonnes raisons de lire… La ricaneuse, d’Eric Dupont
Mary Gallagher, l’un des personnages principaux, a réellement existé. Elle a été décapitée en juin 1879, probablement par son amie Susan, et la légende raconte que son fantôme hante encore aujourd’hui les rues de Griffintown à la recherche de sa tête perdue. Alors que les médias de l’époque l’avaient dépeinte comme une simple prostituée, l’auteur a voulu la doter d’une personnalité plus complexe, notamment en lui attribuant des goûts aussi variés que la lecture et la culture des melons. Sa présence tout au long du livre permet de mieux comprendre son enfance difficile et la misère dont elle a tenté de s’affranchir en grandissant.
Eric Dupont n’hésite pas à recourir au réalisme magique pour enjoliver son récit. C’est ainsi que Mary Gallagher naît dans un melon, en plein champ, et qu’Aimé, cet enfant venu visiter l’Expo 67, se retrouve à voyager presque un siècle en arrière… L’ouvrage est néanmoins bien documenté, notamment en ce qui a trait à l’agriculture montréalaise et au quotidien des habitants de Griffintown, qu’ils soient ouvriers d’usine, tenanciers de bar ou prostituées. Le roman offre donc un savant dosage d’éléments historiques et de fiction.
La couleur est omniprésente dans La ricaneuse. D’abord avec Jacinthe, la mère d’Aimé, qui cherche passionnément à inventer une couleur, entre le rouge et le vert, qui rendrait hommage aux arbres flamboyants de Grand-Mère, sa ville natale. Mais aussi avec Aimé, qui voyage dans le temps à partir du pavillon Kaléidoscope de l’Expo 67, qui met en valeur d’impressionnants jeux de couleurs. Le lecteur appréciera ces touches colorées semées un peu partout dans le roman, autant d’astuces littéraires pour « éclaircir » l’époque noire de la fin du XIXe siècle.
Cet article a été publié dans le numéro de décembre 2024 de L’actualité, sous le titre « 3 bonnes raisons de lire La ricaneuse, d’Eric Dupont ».