Source : Le Devoir
« Né d’un père analphabète et d’une mère peu scolarisée, j’ai grandi à Drummondville, sur la rue Duplessis, dans une famille ouvrière régie par la peur, dont les principales manifestations étaient l’hypocondrie, la xénophobie et l’homophobie. »
Véritable phénomène du printemps littéraire, Rue Duplessis, dans lequel le sociologue et animateur Jean-Philippe Pleau raconte son passage d’un milieu modeste à un statut plutôt enviable dans « le monde bourgeois », trône au sommet des ventes depuis sa parution en avril.
Avec cette autofiction, Jean-Philippe Pleau s’inscrit dans une tradition consacrée en 2022 par la remise du prix Nobel à Annie Ernaux ; celle des récits de transfuges de classe, largement inspirée des travaux du sociologue Pierre Bourdieu. En plus d’Ernaux, l’auteur marche ainsi dans les traces de Didier Eribon (Retour à Reims), Édouard Louis (En finir avec Eddy Bellegueule), Rose-Marie Lagrave (Se ressaisir. Enquête autobiographique d’une transfuge de classe féministe) ou encore Nicolas Mathieu (Leurs enfants après eux), pour ne nommer que ceux-là.
Le phénomène, qui s’inscrit dans le sillage de la popularité des récits de soi, est bien implanté en France, mais il commence tout juste à émerger au Québec ; ce qui ne l’empêche pas de faire grand bruit.
« Le phénomène gagne en importance et en visibilité parce que désormais, on le nomme, soutient David Bélanger, professeur au Département des lettres à l’Université du Québec à Trois-Rivières et directeur d’un projet de recherche sur le sujet. Ce passage de classe à une autre, une forme de récit initiatique qui remplace le récit de formation du XIXe siècle, n’est pas nouveau. Ce qui
[...] continuer la lecture sur Le Devoir.