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L’écrivaine et sociologue québécoise Caroline Dawson s’est éteinte dimanche soir à la suite d’un cancer des os dont elle souffrait depuis plusieurs années.
La nouvelle, d’abord annoncée sur les réseaux sociaux, a été confirmée par des sources à Radio–Canada.
Après une journée douce au cours de laquelle les membres de sa famille et quelques ami·es ont pu faire leurs adieux et se rassembler, Caroline est partie tranquillement, hier soir, auprès de son amoureux
, évoque le message d’adieu publié sur sa page Facebook.
Elle laisse dans le deuil ses dévoués parents Natalia et Alfredo, ses frères adorés Nicholas et Jim, son bel amoureux Jacob, ses magnifiques et lumineux enfants Paul et Bérénice, ainsi que nombre d’ami·es un peu partout dans le monde, sans compter toutes les personnes qui l’admirent et qui lisent ses livres.
Hier soir, j’ai perdu ma plus grande complice, ma confidente, ma meilleure amie, ma grande sœur qui m’a tout appris, celle qui m’a inspiré des mots, des airs, des gestes, quelque chose comme un style et une ténacité pleine de tendresse.
Caroline et Nicholas Dawson, en février 2023.
Photo : Radio-Canada / LisaMarie Noël
Née au Chili en 1979, Caroline Dawson est arrivée au Québec avec ses parents et ses deux frères en 1986. La famille Dawson fuyait alors le régime de Pinochet.
Titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université de Montréal, elle s’était fait connaître en 2020 grâce à son premier roman intitulé Là où je me terre couronné de plusieurs prix, dont le Prix littéraire des collégiens.
Suivront un recueil de poésie, Ce qui est tu, publié en 2023, suivi d’un livre pour enfants Partir de loin (en 2024) qui, comme ses deux précédents ouvrages, traite de l’immigration et du déracinement.
Deux semaines avant son décès, Caroline Dawson, avait donné une entrevue à Émilie Perreault dans le cadre de l’émission Il restera toujours la culture sur ICI PREMIÈRE.
Un prix en son honneur
: “Chaque jour est un cadeau””,”text”:”J’ai arrêté de paniquer par rapport à la mort à partir du moment où je me suis dit: “Chaque jour est un cadeau””}}”>J’ai arrêté de paniquer par rapport à la mort à partir du moment où je me suis dit : “Chaque jour est un cadeau”
, avait confié Caroline Dawson à propos du compte à rebours lié à ses démarches de fin de vie.
Elle se savait atteinte du cancer depuis environ trois ans. C’est notamment Balzac qui l’aura accompagnée dans sa dernière ligne droite. La littérature, c’est ce que je préfère
, avait-elle confié à Émilie Perreault.
Lors de la diffusion de l’émission, l’animatrice avait dévoilé qu’un prix Caroline Dawson serait créé afin de récompenser chaque année un auteur ou une autrice qui, par son travail, « contribue à élargir nos horizons ».
C’était d’ailleurs le mandat que s’était donné Caroline Dawson qui tenait des chroniques littéraires à l’émission. Le prix sera assorti d’une bourse de 2000 $.

La journaliste culturelle et animatrice Émilie Perreault
Photo : Fous de théâtre
Émilie Perreault, qui anime l’émission Il restera toujours la culture diffusée à la Première chaîne de Radio-Canada, a réagi au décès de l’autrice, qu’elle considérait comme son amie.
En ondes lundi, elle a voulu témoigner de la lucidité, de la fougue et de la passion de Caroline Dawson pour la littérature et la vie en général
.
L’animatrice proposera d’ailleurs une émission consacrée à l’écrivaine québécoise mardi.
En entrevue, Émilie Perreault a raconté sa dernière rencontre avec l’autrice. Caro nous avait préparés. On savait que Caro était en fin de vie. Mais c’est quand même particulier
, admet-elle.
Jeudi dernier, j’étais chez elle, on parlait… C’était vraiment une discussion où j’ai pas senti le besoin de dire “Adieu” quand je suis partie de chez elle
, ajoute-t-elle.
La journaliste culturelle est convaincue que l’on se souviendra de Caroline Dawson non seulement pour son livre Là où je me terre, un livre populaire
qui, selon elle, marquera la littérature québécoise pour longtemps, mais aussi pour sa force
, une force qui, toujours selon elle, va bien au-delà du fait qu’elle a lutté contre le cancer.
Femme engagée
Professeure de sociologie au cégep Édouard-Montpetit, Caroline Dawson était aussi une femme engagée qui a grandi dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.
Le type de pauvreté dans lequel on vivait (nous les immigrants) était un type de pauvreté dans lequel on pouvait s’en sortir. Et je suis convaincue que c’était un milliard de fois plus difficiles pour les enfants du quartier
, avait-elle confié à l’occasion d’une entrevue donnée à la Maison de la littérature.
Lors de cette même entrevue, elle avait décrit d’ailleurs la sociologie comme son deuxième coup de foudre, après la rencontre de son mari.
Quand le prof a présenté le plan de cours, c’est comme si quelqu’un était entré dans mon cerveau, puis me parlait dans ma langue maternelle. Pas en espagnol, mais de la façon dont j’appréhendais le monde et qui me donnait les clés en me disant “t’es pas toute seule”.
Réactions
La ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, a souligné que le départ de cette femme inspirante
est une immense perte pour la littérature québécoise
.
La littérature québécoise perd une femme brillante qui avait encore tant à dire et à écrire
, a souligné la porte-parole libérale en matière de Culture et Communication, Brigitte Garceau.
De son côté, la députée solidaire Ruba Ghazal a offert ses condoléances à la famille et confié sur X avoir été profondément marquée
par la lecture de Là où je me terre.