Source : Le Devoir
La rencontre a bien failli ne pas avoir lieu, en raison de la COVID-19 qui, malgré le déni obstiné de certains, continue de frapper sans crier gare. Ce fut au tour de John Irving d’en faire les frais (« Pour la troisième fois ! ») après son passage dans un rassemblement d’écrivains à Key West, ce qui l’a forcé à annuler sa visite à Montréal. Or, à en juger par l’entretien virtuel qu’il a accordé au Devoir de sa résidence à Toronto, cet ancien adepte de lutte gréco-romaine, affable, souriant, jamais avare d’anecdotes, fut loin d’avoir été mis K.-O. par le virus.
Le romancier revendique une somme imposante de personnages depuis ses débuts en 1968, et à travers quinze romans, dont le tout dernier, Les fantômes de l’Hotel Jerome. De Liberté pour les ours à Un enfant de la balle en passant par À moi seul bien des personnages, L’hôtel New Hampshire et L’œuvre de Dieu, la part du diable, sa progéniture littéraire est nombreuse, ce qui permet aussi des parallèles biographiques. Par exemple, Adam Brewster, son tout nouveau héros, pourrait être un calque d’Irving avec sa dévotion pour la littérature et le métier d’écrivain, sa smala où les marginaux sont la norme et sa détestation profonde de la droite républicaine, de Ronald Reagan à Donald Trump.
Comme si tout cela n’était pas suffisant dans ce récit s’étalant sur plus de 80 ans, John Irving convoque les fantômes de personnages dont le décès a parfois affiché des allures rabelaisiennes et qui hantent les vivants comme s’ils
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