Source : Le Devoir
Des plans fixes, des personnages qui évoluent dans des décors démodés, des dialogues rares, mais précis, des allusions marquées au cinéma muet, une poésie de la pauvreté, un sens de l’absurde hors du commun… Aucun doute possible, nous voilà dans un film d’Aki Kaurismäki.
Six ans après L’autre côté de l’espoir (2017), le maître finlandais est de retour avec une comédie mélancolique qui fait la part belle aux écorchés, aux paumés, aux laissés-pour-compte, et qui offre une brèche de douceur aux esprits libres prisonniers d’un système qui cherche à les broyer.
Les feuilles mortes — hommage à la chanson éponyme de Jacques Prévert et Joseph Kosma —, ce sont Ansa (Alma Pöysti) et Holappa (Jussi Vatanen), deux âmes solitaires dont les chemins se croisent par hasard. La première, virée du supermarché où elle travaillait pour avoir donné un sandwich périmé à un itinérant, multiplie les boulots mal payés pour garder la tête hors de l’eau. Le second, ouvrier de la construction, est pour sa part mis à la porte pour avoir consommé de l’alcool sur le chantier.
Attirés l’un par l’autre dès le premier regard, les deux éclopés verront leur idylle contrariée par une série de malentendus et de malheureux hasards qui forceront leurs routes à s’entrecroiser plutôt qu’à fusionner, le tout sur fond de nouvelles désolantes provenant de la guerre en Ukraine.
Aki Kaurismäki démontre encore une fois son talent indéniable pour l’absurde, ponctuant l’aspect tragique et morne de son histoire de répliques savoureuses que ne renierait pas Prévert
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