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Des premiers romans prometteurs
La maison d’édition Alto est notamment reconnue pour lancer des premiers romans aux parcours éclatants. On n’a qu’à penser à Ce que je sais de toi, d’Éric Chacour, qui a récemment remporté le Femina des lycéens, ou même à Du bon usage des étoiles, de Dominique Fortier. C’est un peu pour cette raison qu’on surveille avec attention le premier livre de Steve Poutré, Lait cru (Alto, janvier). À mi-chemin entre le roman gothique et le récit rural, il dévoile un univers fantastique où les vaches, les chatons et les poussins sont omniprésents.
Le premier roman de l’Américaine Rachel Yoder a déjà gagné quelques prix dans sa version originale, et une adaptation pour le cinéma est même en cours de tournage. Dans La nuit chienne (Flammarion, janvier), la mère d’un bambin a l’impression de s’être perdue dans la maternité, de n’être qu’une chienne de garde pour sa vie familiale. Et curieusement, la nuit tombée, ses canines s’affinent, elle se couvre d’un pelage dru, bref, elle se transforme en chienne… Cette fable rend admirablement compte du poids que portent les nouvelles mères et des sentiments coupables que celui-ci soulève.
Grâce à une idée de départ plutôt surprenante, le premier roman de la fiscaliste Brigitte Alepin, L’alerte (Druide, février), risque de retenir l’attention. 2031. Le Québec est devenu un pays, mais aussi un paradis fiscal. Lorsque des milliardaires véreux tentent d’en prendre le contrôle, Cécile Larrivée, spécialiste en politiques fiscales, fait tout pour éviter la dérive.
Enquête, suspense et autres frissons littéraires
Dans Congé, de Cassie Bédard (La Mèche, mars), Clémence, une policière, part à la recherche de son amant qui serait à Portland, Maine, où réside Stephen King, dont il serait un fan fini. Pourquoi a-t-il laissé son roman en plan pour fuir ? C’est ce que la policière tentera d’élucider.
Un nouveau livre de Patrick Senécal est aussi prévu pour le printemps. Avec Civilisés (Alire, mars), on nous annonce le retour de l’humour noir, genre que l’auteur avait un peu délaissé dans ses derniers romans. Aucun détail sur l’intrigue, ce qui ajoute à la curiosité.
Dès le début de l’année, Mireille Gagné, qui nous avait ravis avec Le lièvre d’Amérique, reviendra à la charge avec Frappabord (La Peuplade, janvier), un thriller écologique haletant qui se déroule pendant une canicule à Montmagny.
Le récit d’American Mother (Belfond, février) est saisissant. Il résulte de la rencontre entre l’auteur Colum McCann et Diane Foley, mère du journaliste américain James Foley, exécuté en 2014 par le groupe armé État islamique. Lorsque Diane a l’occasion de rencontrer le bourreau de son fils, elle demande à McCann d’être présent. Ainsi débute un livre qui témoigne de l’amour maternel, de la difficulté à pardonner et de l’importance du travail des journalistes en zone de guerre.
Le nouveau roman de Maude Michaud, La véritable force de la nature (Saint-Jean, mars), pique la curiosité : une jeune fille ouvre le feu dans une école secondaire. Qui est-elle ? Au cœur de l’intrigue, Rachel et Rose, amies, mais aussi mamans, dont un des enfants est montré du doigt dans cette tragédie.
Quelques traductions attendues
L’autrice canadienne Ann-Marie MacDonald (que l’on connaît grâce à son premier roman, Un parfum de cèdre) propose cette fois une brique historique fascinante. Dans Fayne (Flammarion, mars), elle raconte l’histoire de Charlotte Bell, qui habite seule avec son père dans un domaine à la frontière entre l’Écosse et l’Angleterre. En raison de la santé fragile de la jeune fille, celle-ci est gardée à l’écart, mais l’arrivée d’un précepteur bousculera l’équilibre délicat des lieux.
Déjà à sa sortie en anglais, le nouveau Colson Whitehead a suscité la curiosité. Campé dans une grande ville ressemblant à s’y méprendre à New York, L’intuitionniste (Albin Michel, février) s’intéresse aux inspecteurs d’ascenseurs. Cela semble plutôt banal, jusqu’à ce que l’on comprenne que la profession est divisée en deux camps qui s’opposent férocement. À la suite d’un écrasement d’ascenseur qui sèmera la panique, une enquêtrice plongera au cœur du problème. Un électron libre littéraire, d’un auteur encensé par la critique depuis quelques années.
La Canadienne Lisa Moore raconte l’histoire sinueuse d’une famille touchée par un drame dans Comment il faut aimer (Boréal, janvier). Alors que ses parents sont au Mexique, Xavier est laissé pour mort en pleine tempête de neige. Déterminée à savoir ce qui s’est passé, sa mère exige des réponses, remontant le fil des événements pour en connaître l’étincelle de départ.
Les admirateurs de Paul Auster seront heureux de le retrouver avec Baumgartner (Actes Sud – Leméac, mars), dans lequel un professeur de philosophie à Princeton n’est plus le même depuis la disparition de sa femme, emportée par les vagues à Cape Cod. Un roman sur l’attachement et la mémoire sélective.
À surveiller en vrac
Antoine Charbonneau-Demers a remporté le prix Robert-Cliche en 2016 pour son premier roman, l’excellent Coco. En mars prochain, il publiera Roman sans rien (Librex), qui révèle, sous forme d’autofiction, les réflexions de l’auteur sur la fiction romanesque, mais aussi sur l’identité gaie, par le truchement d’une galerie de personnages loufoques.
Les romans du journaliste et chroniqueur Hugo Meunier sont généralement d’habiles critiques sociales, et son prochain, dont le titre n’est pas encore arrêté (Stanké, mars), n’échappe pas à la règle. Cette fois, il utilise le roman choral pour tisser un fil conducteur entre sept histoires qui ont chacune pour objet un péché capital.
En mai, Claudia Larochelle publiera Les disgracieuses dans l’étonnante collection III de Québec Amérique. Un texte en trois parties où l’autrice aborde son adolescence perturbée, mais aussi sa vie de jeune adulte. On promet une lecture troublante, mais réparatrice, d’une écrivaine à la plume délicate.
Un auteur ukrainien rédige son journal intime jusqu’au 21 mars 2022. Puis l’enterre dans son jardin. Trois jours plus tard, il est arrêté et tué par l’armée russe. Dans Premiers jours d’occupation : Derniers jours de Volodymyr (Hashtag, mars), on découvre 36 pages du journal intime de Volodymyr Vakoulenko, auteur jeunesse et activiste. Un angle très personnel pour raconter l’inimaginable.
Le documentaire graphique est un genre qui produit des ouvrages souvent pertinents et vulgarisateurs. C’est le cas avec Un sacrifice tout naturel (Atelier 10 – La Pastèque, mars), de Martin PM, une enquête sur les atteintes à la biodiversité sur des chantiers de construction. Fort instructif, il expose certains paradoxes entourant la protection des milieux naturels.
À noter : certains titres et dates de parution peuvent avoir été modifiés depuis la publication de cet article.