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Les livres franco-ontariens également pillés par l’IA de Meta

 

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Après la colère d’auteurs québécois, le milieu littéraire -ontarien dénonce à son tour l’utilisation sans permission d’œuvres. En cause : le site Library Genesis (LibGen), plateforme utilisée par Meta pour entraîner son intelligence artificielle (IA) en récoltant des millions d’ouvrages, sans le consentement de leurs auteurs.

En quelques clics, le moteur de recherche publié le 20 mars par le magazine américain The Atlantic le démontre : de plusieurs autrices et auteurs de la région d’, mais aussi d’éditeurs franco-ontariens, figurent parmi les quelque 90 millions de titres pillés parLibGen et, par conséquent, par Meta AI.

Parmi eux, on retrouve entre autres le romancier et traducteur franco-ontarien Daniel Poliquin, l’autrice Andrée Poulin, l’auteur ottavien d’origine congolaise Blaise Ndala, l’autrice Michèle Vinet, ou encore le poète québécois José Claer, publié par la maison d’édition d’Ottawa L’Interligne.

Couverture du livre avec un homme noir qui joue de la guitare dans la rue

Deux livres de figurent sur LibGen : «J’irai danser sur la tombe de Senghor» et une traduction en anglais de «Dans le ventre du »

Photo : L’Interligne

Je dirais que c’est scandaleux, mais pas surprenant.

Une citation de Stéphane Cormier, codirecteur de Prise de parole

Ce dernier se souvient qu’à ses débuts dans le domaine de l’édition en 2012, le milieu assistait impuissant à la menace incarnée par la décision de Google de numériser tous les livres qui existaient sur la planète et de les rendre accessibles sur ses plateformes.

Avec Meta, je pense qu’on est un peu dans la même logique : une multinationale qui a un quasi-monopole dans son domaine […] décide de piger allègrement dans des contenus piratés pour en tirer profit, nourrir son intelligence artificielle et monétiser tout ça à travers ses différentes plateformes, analyse-t-il.

On se donne, on travaille pendant des mois, des années, on écrit chaque mot, chaque lettre, on choisit tout. Puis tout d’un coup, tout ça peut être digéré en quelques secondes par un algorithme. C’est insultant, réprouve pour sa part l’autrice Chloé Leduc-Bélanger, qui est aussi directrice générale de la maison d’édition d’Ottawa L’Interligne.

Se mobiliser face à une IA de plus en plus efficace

Les deux professionnels du livre s’accordent sur l’importance de ne pas diaboliser l’IA. Si celle-ci peut être utilisée par les auteurs dans des contextes définis, sans porter atteinte au rapport de confiance liant les auteurs à leur maison d’édition, elle n’en reste pas moins un outil potentiellement menaçant.

En ce moment, l’intelligence artificielle est moins efficace qu’elle ne le sera jamais. Elle va continuer de s’améliorer, toujours.

Une citation de Chloé Leduc-Bélanger, DG de L’Interligne
Une personnes avec des lunettes assise regarde devant.

Directrice des éditions L’Interligne, Chloé Leduc-Bélanger pense que la mobilisation doit être collective pour servir le milieu. (Photo d’archives)

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Est-ce qu’on arrête d’écrire pour autant? Bien sûr que non, tranche l’autrice et éditrice, rappelant que l’avènement de la photographie n’a pas fait disparaître les peintres. La créativité humaine va toujours primer ou trouver de nouvelles façons de faire valoir des états d’âme que l’IA n’a pas, veut croire Chloé Leduc-Bélanger.

Il n’en reste pas moins que le milieu se mobilise, poursuit-elle, soulignant que des poursuites et des recours collectifs ont été intentés.

Stéphane Cormier rappelle d’ailleurs la démarche entreprise vendredi dernier par la Québécoise Anne Robillard. Dénonçant un des plus grands actes de piratage de l’histoire, l’écrivaine de la populaire série Les chevaliers d’Émeraude a déposé une demande de recours collectif contre Meta, au palais de justice de .

Individuellement, il est très difficile de faire quoi que ce soit, fait valoir Chloé Leduc-Bélanger. Il va falloir qu’on regroupe nos forces, enchaîne la directrice, rappelant que la loi doit combler le vide juridique en la matière, et qu’un dispositif de surveillance doit s’assurer de faire respecter ladite législation.

Stéphane Cormier se tient debout.

Codirecteur de la maison d’édition Prise de parole, Stéphane Cormier préside le Regroupement des éditeurs franco-canadiens. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Bienvenu Senga

Même appel à l’action de la part de Stéphane Cormier, qui estime que chaque maison d’édition individuelle n’a pas assez de pouvoir pour faire ses propres démarches.

En attendant une volonté politique et un cadre législatif apte à protéger les auteurs et leurs ayants droit, la mobilisation est nécessaire, qu’elle s’inscrive sous la bannière d’associations provinciales ou nationales.

Face à des géants du web transnationaux, Stéphane Cormier considère par ailleurs qu’un des leviers pour défendre les intérêts du milieu littéraire passe par une perspective planétaire, et donc une coopération internationale.

Avec les informations de Valérie Lessard

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