Source : Le Devoir
Dans son précédent roman, Autobiographie de l’étranger (Flammarion, 2020), en lice pour les Prix littéraires du Gouverneur général 2020, Marie-Ève Lacasse déballait tout : son enfance triste et isolée dans une famille rigide qui décourageait les sensibilités artistiques, son désir de tout plaquer qui l’a menée à quitter son Gatineau natal pour refaire sa vie en France, les marges dans lesquelles elle évolue et qui l’empêchent depuis toute petite d’appartenir entièrement au monde, les luttes et les révolutions qu’elle mène par la littérature. Le processus d’écriture, long et douloureux, a donné naissance à une autofiction sublime, mais surtout, à une artiste, qui jusqu’alors refusait de se percevoir comme telle.
« S’autoriser à écrire, quand tu viens d’une famille qui s’oppose à l’écriture ou qui la voit au mieux comme un passe-temps semblable au tricot, c’est hyperlong, indique-t-elle, en entrevue avec Le Devoir lors d’un bref séjour à Montréal. M’affirmer comme artiste a été la chose la plus difficile à faire, mais aujourd’hui, je n’ai plus aucun compte à rendre. J’ai affronté mes monstres les yeux dans les yeux. Je suis libre. »
C’est cette liberté nouvelle qui permet aujourd’hui à Marie-Ève Lacasse de présenter Les manquants, un roman dans lequel elle embrasse entièrement la fiction, et le travail de création qu’elle sous-tend, relevant avec brio les défis idéologiques et formels qu’elle s’estposés en début d’écriture.
Trois femmes, Claire, Hélène et Joan, se réfugient dans une commune autosuffisante en campagne à la suite de la disparition du mari de la première. Convoquées au commissariat, les
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