Paru en premier sur (source): journal La Presse
Que s’est-il donc passé durant cette moite journée du mois d’août, il y a 18 ans, dans le bungalow où la narratrice du roman Les ombres d’août gardait une jeune voisine ? Et surtout, quel était le nom de cette petite fille ?
Publié à 11 h 30
Ce souvenir et ses conséquences obsèdent la jeune femme dans la trentaine qui ressent une grande part de culpabilité à la suite des évènements.
Après Chère piscine, Marie-Pier Favreau-Chalifour offre un deuxième roman mystérieux où les réminiscences des blessures d’enfance sont entremêlées de propos durs (et lucides) sur l’estime de soi et le corps des femmes (« Toute jeune, j’ai développé une honte du corps vieillissant »).
Ce court roman introspectif, baignant dans une ambiance pesante, est entrecoupé de retours dans le passé, le jour de l’évènement, et de scènes du quotidien casanier de la narratrice. Parfois avec son conjoint. Mais le plus souvent avec sa mère, avec qui elle entretient un rapport tortueux, pour ne pas dire douloureux. Elle blâme d’ailleurs cette femme puissante et imposante pour ses nombreux tourments, elle qui aurait failli à la protéger en l’emmenant dans la maison où l’adolescente a été témoin d’un geste incestueux. « Elle aurait dû voir que quelque chose s’était passé lorsqu’elle est venue me chercher à la maison où elle m’avait emmenée. »
Avec les années qui passent, comment pardonner à ceux qu’on aime et qui nous ont heurté ? Où tracer la ligne entre la responsabilité et la culpabilité ? C’est ce que cherche à élucider la narratrice à travers ses troublantes réflexions portées par une plume sensible et précise.

Les ombres d’août
VLB
196 pages