Paru en premier sur (source): journal La Presse
La géographie intellectuelle du Québec est en pleine redéfinition. Dans cette série, notre collaborateur Jérémie McEwen nous présente des essayistes qui pensent le monde contemporain.
Publié à 21h00 ✓ Lien copié Jérémie Mcewen collaboration spéciale
Il existe ce sous-titre au livre Crépuscule des idoles de Nietzsche que je relis depuis des années : Comment philosopher à coups de marteau. C’est un livre qui traînait dans la chambre de mon grand frère quand j’étais jeune, et qui représentait à cette époque pour moi quelque chose comme le mystère même de la philosophie, cette discipline que je voyais déjà comme la forme la plus radicale de la pensée humaine.
Ce livre, comme celui d’Anne Archet, brille par la forme empruntée dans ses pages, c’est-à-dire l’aphorisme. Un coup de pinceau ou deux, un triple boucle piqué en guise de phrasé et un coup sur l’enclume en guise de ponctuation, hop la société est déboulonnée, mise à nu, dans ses contradictions et ses impasses. Puis on recommence, éternellement. L’aphorisme est le genre philosophique d’écrivains qui œuvrent comme s’ils étaient des poissons qui essayaient par tous les moyens d’échapper à l’emprise de la gueule d’un ours.
L’ours, c’est le monde actuel, « le système », comme dirait une copie d’étudiant qui ne se force pas, le capitalisme, mais le socialisme aussi, la gauche et la droite, les réacs et les woke, la liberté et le déterminisme ; bref, toutes les catégories sociales qui ne représentent pas la vibration anarchique du cœur humain.
Anne Archet est connue depuis un moment pour ses livres érotiques, alors que pour ma part, je la découvrais avec