Paru en premier sur (source): journal La Presse
Publié à 11h00 ✓ Lien copié Jérémie Mcewen collaboration spéciale
Il existe des penseurs militants, des vrais. Des écrivains qui ne semblent se ménager sur aucun front, pour qui tout est possible du point de vue de la volonté, malgré un certain pessimisme probe de l’intellect. Des penseurs tels qu’on se les imagine avant même d’avoir commencé à penser.
Philippe Néméh-Nombré lutte à chaque respiration, que ce soit dans un simple tweet ou dans un essai grand public, dans un colloque universitaire ou une conversation à bâtons rompus. Pour changer le monde. Je l’ai d’ailleurs joint à Berlin, pour discuter de son premier livre, Seize temps noirs pour apprendre à dire kuei.
Que ceux qui aiment s’en prendre à la gauche woke le lisent. Ils verront bien ce qu’est cet utopisme assumé, qui aime faire fondre les luttes dans un anticapitalisme net : on y croise les luttes noires, autochtones, et aussi queer, dans une musicalité littéraire inspirée du hip-hop. « Seize temps », transposés au milieu rap, cela s’appelle 16 bars, 16 mesures de quatre temps qui forment le couplet de base d’une rime classique. Et en refermant le livre, je me suis dit : j’ai hâte aux couplets suivants, alors que le refrain se pointe déjà.
Il y a quelque temps que je suis ce penseur, depuis son essai vite devenu classique intitulé « Le hip-hop avec des gants blancs » paru dans la revue Liberté en 2018, où il critiquait une certaine récupération