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Les réflexions sur la décolonisation d’un (jeune) chef atikamekw



 

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Chef la communauté de Manawan, Sipi Flamand publie son premier à l’âge de 33 ans.

Photo : Éditions Hannenorak

Pour qui cherche à se familiariser avec l’histoire des Premières Nations au , les effets de la colonisation sur les communautés actuelles et leurs systèmes de gouvernance, le tout en moins d’une heure et demie de lecture, l’ Nikanik e itapian est tout désigné.

Les solutions pour un avenir meilleur passeront inéluctablement par l’autodétermination et le souverainisme , des leviers fondamentaux, défend l’auteur Sipi Flamand. Et une meilleure conscience de l’environnement.

Sur ce point, M. Flamand garde confiance dans l’implication des nouvelles générations qu’il espère mobiliser avec son tout premier ouvrage, un condensé de ses préoccupations comme leader autochtone.

Récemment désigné chef de Manawan par sa communauté (Lanaudière) à l’âge de 32 ans, alors qu’il ne s’y attendait pas si tôt, Sipi Flamand figure parmi les plus jeunes militants proactifs. Il a contribué à l’élaboration du Principe de Joyce, un protocole de soins respectueux et équitables pour les Autochtones dans les établissements de santé non autochtones.

La couverture de Nikanik e itapian.

L’essai de Sipi Flamand est publié aux éditions Hannenorak et en vente en librairie à compter du 1er novembre.

Photo : Éditions Hannenorak

En moins de 80 pages, Sipi Flamand livre sa vision sur l’avenir des peuples autochtones dans un livre publié le 1er novembre. L’essai s’ouvre sur le récit d’une cosmogonie atikamekw, puis résume les politiques assimilationnistes passées et leurs effets présents.

Dès les premières pages, il cible la réconciliation imposée, à sens unique, ou la réconciliation négociée où on demande aux petits Indiens d’oublier le passé et de contempler un “bel avenir” en fermant les yeux sur l’exploitation des ressources naturelles se trouvant sur leurs territoires traditionnels!

Entre rêve et cauchemardesque réalité, l’auteur de 33 ans échafaude ensuite plusieurs scénarios à l’ère du capitalisme triomphant et de l’extractivisme sauvage.

« Le Canada appartient aux Autochtones, […] les Autochtones devraient être à la tête de toutes les décisions concernant les ressources naturelles. »

— Une citation de  Sipi Flamand, auteur et chef atikamekw de Manawan

Analyste politique de formation, Sipi Flamand démontre comment l’empreinte coloniale a modelé (et déformé, en fait) la gouvernance autochtone en y écartant les femmes, notamment, ou encore en imposant un système politique de courte vue essentiellement rythmé par les échéances électorales.

Bien avant le concept de développement durable, la philosophie autochtone proposait déjà le concept des sept prochaines générations, rappelle l’essayiste. Un principe selon lequel une décision est prise en tenant compte des effets sur les générations futures.

Les communautés ne veulent pas interdire le développement, nuance-t-il en entrevue, mais y prendre part. Et pour ça, il y a un changement de conscience [à opérer]. Il faut réfléchir à un moyen qui peut aider tout le , contribuer à un développement sain, car ça va être difficile d’éteindre le capitalisme, dans les communautés aussi.

Politique-fiction

M. Flamand en appelle à une nouvelle alliance des peuples autochtones réunis en confédération souveraine, une force politique qui nous permettrait d’établir une relation politique symétrique avec le provincial et le fédéral, écrit-il.

« Nous sommes actuellement dans une structure et un système politique qui ne nous aident aucunement à défendre et à faire reconnaître nos droits comme Autochtones. »

— Une citation de  Extrait de Nikanik e itapian, de l’auteur Sipi Flamand

Dans le meilleur des scénarios, il imagine un Canada où la Loi sur les Indiens aura déjà été remodelée ou même abolie pour en arriver à un tout nouveau code, façonné par les leaders autochtones, qui bénéficieront d’une réelle relation de nation à nation entre les peuples autochtones et le Canada.

Et dans une optique plus pessimiste, où la montée des extrêmes droites aurait également gagné le Canada, il anticipe une émergence du racisme qui s’accompagnerait tout bonnement de la négation des droits des peuples autochtones.

Esprit critique

C’est Daniel Sioui, à la direction des Éditions Hannenorak, qui l’a convaincu de se lancer dans l’écriture de son tout premier livre, raconte-t-il. En peu de mots, la commande de l’éditeur n’en est pas moins ambitieuse : L’avenir autochtone. L’essai est destiné à la nouvelle collection Harangues dans laquelle un premier ouvrage, celui de M. Sioui, a déjà été publié avec un style tout autre.

Il m’a d’abord proposé son livre à lire [Indien stoïque], c’est direct, c’est ce qu’il faut faire!, commente Sipi Flamand, adepte d’un ton plus mesuré et nuancé à la narration. Mais un style tout aussi efficace.

Lui-même se présente dans son essai comme un jeune leader critiquant le système et recommande à ses homologues d’aiguiser leur esprit critique.

Il explique d’ailleurs s’adresser avant tout aux leaders et aux jeunes forces vives des communautés autochtones. Ce n’est pas un programme politique, mais plutôt une réflexion que je propose au lecteur, ajoute-t-il, en espérant que son appel au dialogue entre nations soit entendu.

Sipi Flamand présentera son ouvrage lors d’une rencontre publique animée par à 15 h les 12 et 13 novembre, dans le cadre de la Foire des artisans de l’Espace culturel Georges-Émile-Lapalme (Place des Arts) à .

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