À trente ans, elle est mariée depuis huit ans avec lui. Ils ont trois enfants — trois césariennes —, une grande maison, une ferme laitière de trente-trois hectares dans la vallée de la Santoire où ils font du saint-nectaire. Ils auraient pu être heureux. Mais le mari crie, humilie, cogne aussi parfois. Pour la femme, c’est une sorte d’hiver sans fin, condamnée qu’elle est à la solitude et à « faire semblant ». Puis une ellipse nous projette quelques années après le séisme de leur divorce, donnant cette fois la parole à l’homme, qui semble avoir retrouvé, en 1974, une forme de paix et d’humanité. Pour les enfants qui y ont vécu leurs premières années, cette ferme est source d’images et de récits familiaux à recomposer. Avec Les sources, son 10e roman, qui nous entraîne du début des années 1960 jusqu’en 2021, année de la liquidation de la ferme, Marie-Hélène Lafon — prix Renaudot en 2020 pour Histoire du fils — brouille un peu les cartes,donnant une histoire plus complexequ’il n’y paraît, capable de résonner en nous.
Les sources
★★★
Marie-Hélène Lafon, Buchet-Chastel, Paris, 2023, 128 pages
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