La figure de l’étranger traverse la littérature. Nimbée d’un certain mystère, elle annonce souvent l’arrivée d’un changement pour le lieu où elle surgit. L’étranger de Chris Van Allsburg n’échappe pas à ces éléments : frappé par la voiture du fermier Bailey, l’étranger perdmomentanément la mémoire. La famille Bailey héberge l’étranger qui, bon vivant, se mêle à la vie familiale. Fasciné par le vol des oiseaux et la couleur des champs, l’étranger exerce une attirance mystérieuse sur les animaux : « Il traversa la cour où broutaient deux lapins. Plutôt que de détaler dans les bois, ils bondirent dans sa direction. » L’étranger n’est souvent que de passage. Ici, son passé, de même que l’allégorie qu’il incarne, demeurera énigmatique. C’est la beauté du récit : ce flottement entre le réalisme et le merveilleux, où perce un mystère non pas insécurisant, mais, au contraire, attirant. À l’envoûtement des mots s’ajoute celui des illustrations, magnifiques et colorées, mettant en scène un réalisme où subsiste une part d’insaisissable.
L’étranger
★★★ 1/2
Chris Van Allsburg, traduction de Christiane Duchesne, D’eux, Sherbrooke, 2022, 32 pages. À partir de 6 ans.
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