Paru en premier sur (source): journal La Presse
En théorie, le nouvel opus annuel de la célèbre écrivaine belge a tout pour séduire. Le cadre : un retour plein d’appréhension au Japon, flanquée d’une amie photographe, dans le giron de l’archipel qui a profondément marqué Nothomb et son public (Stupeur et tremblements).
Mis à jour à 13h00
De quoi expurger une flopée de souvenirs liés à son enfance (elle y est née et y a passé ses premières années), à sa jeune vingtaine (elle y a travaillé, expérience traumatisante) et à son défunt père, jadis ambassadeur en terres nipponnes.
Le charme de la plume légère et sensible est bel et bien au rendez-vous au fil de ce court récit. Les évocations extirpées du passé, surtout dans les derniers milles du roman, sont livrées à fleur de peau. Mais il manque quelque chose. Un vernis, un envoûtement ? Selon nous, la dose d’incongruité et d’extravagance à laquelle l’autrice nous avait habitués, ainsi qu’une profondeur moins marquée.
Il nous semble lire un journal de voyage un peu trop descriptif dont l’itinéraire reste archiclassique (Kyoto-Nara-Tokyo-Fuji). Certes, il y a les anecdotes liées à cette compagne de voyage à la limite du tolérable, ainsi que le filtre personnel de l’écrivaine apposé sur chacune de ces étapes. Malgré tout, quiconque a effectué ce périple s’agace un peu de se faire expliquer une foule de détails déjà démystifiés à ce stade.
Bref, même si on adule le Japon et qu’on adore Nothomb, on a le sentiment de déjà connaître l’un et de ne pas vraiment reconnaître l’autre. À moins que les non-initiés à ces deux mondes n’y trouvent leur compte ?
L’impossible retour
Albin Michel
162 pages
