En 1982, dépité par le refus des éditeurs de publier un guide en couleur sur les mammifères — jugé trop coûteux —, Michel Quintin décide de fonder sa propre maison d’édition. Les Éditions Michel Quintin célèbrent ainsi cette année leur quarantième anniversaire, traversant l’évolution du milieu littéraire québécois et, tout particulièrement, celui de la littérature jeunesse. L’occasion est donc belle de marquer une pause sur quelques moments précieux et de convoquer la parole d’acteurs du milieu pour cerner, quoique très sommairement, les contours de la scène qui nous anime aujourd’hui.
La précarité avant tout
Créer une maison d’édition n’est pas une mince affaire, et il faut conjuguer volonté, résilience et passion pour se lancer — et persévérer — dans l’aventure. Michel Quintin, vétérinaire de profession, a d’ailleurs hébergé sa maison d’édition dans sa clinique vétérinaire pendant près de 18 ans, alternant, dans une même journée, opérations animales et coupes chirurgicales littéraires.
Pour Robert Soulières, qui raconte avoir fondé sa maison le 16 août 1996, un vendredi, à 10 h 38, le début de l’aventure a été un saut dans le vide : « Le lundi, je me disais que je lancerais une maison nommée Gratte-ciel, le mardi, je voulais créer une collection chez Leméac, mercredi, je sollicitais mon ami Alain Stanké pour créer une section jeunesse… » Il attribue son ultime changement de fusil d’épaule à la chanson I Gotta Get Outta Here, d’Alice Cooper, qui s’est mise à jouer dans sa voiture le vendredi.
Robert Soulières lance : « Le nerf de la guerre, ça reste l’argent. »
[...] continuer la lecture sur Le Devoir.