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Publié à 10h00 ✓ Lien copié Dominic Tardif La Presse
Les vers de Louise Dupré se sont souvent mesurés à ce que l’Histoire et l’existence ont de plus sombre, de plus éprouvant. Mais déjà en 2010, dans Plus haut que les flammes, un livre écrit à la suite d’une visite des anciens camps d’Auschwitz et de Birkenau, une femme croyait en la possibilité d’une lumière.
« tu refais ta joie/telle une gymnastique/en levant la main/vers les branches d’un érable/derrière la fenêtre/où une hirondelle veut faire/le printemps », écrivait la poète, qui envisageait visiblement déjà la joie « comme un effort, comme un sentiment qu’on cherche à entretenir », dit-elle en entrevue. « Parce que oui, la joie, ça s’apprend. Ça ne veut pas dire qu’on est toujours joyeux. C’est plutôt une attitude face à la vie ».
Mais comment être dans la joie, au cœur de cette époque où tout (ou presque) nourrit le contraire, autrement qu’en se terrant dans le déni ? « Il y a une différence entre la joie et le manque de lucidité », précise la vénérable écrivaine, rencontrée dans un parc durant ce qui ressemblait au premier jour de l’automne.
Cultiver sa joie, c’est justement essayer de vivre le mieux possible dans un monde qui est très noir. Je me suis demandé comment faire pour ne pas se complaire, pour ne pas devenir cynique, malgré tout ce qu’on voit chaque soir à la télévision. Je refuse le