Source : Le Devoir
Dix ans après L’album multicolore, un livre consacré à sa mère, décédée à 97 ans, Louise Dupré ose enfin s’adresser à son père, mort brutalement il y a plus de 40 ans. Dans un récit intitulé L’homme au camion, un texte fort émouvant, sensible, parfois même poignant, mais tout à fait dépourvu d’épanchements, aussi bien en ce qui concerne le fond que la forme, l’écrivaine se met en marche vers un homme qu’elle connaît bien peu en espérant goûter à une sorte d’apaisement.
« Ce livre, je me suis longtemps sentie incapable de l’écrire », révèle la septuagénaire, confortablement installée dans un fauteuil tout au fond de La Livrerie, la charmante librairie-café de la rue Ontario Est. « Il fallait que le temps passe, ajoute-t-elle. Avant d’y arriver, il fallait que je complète un cheminement personnel. »
C’est la curiosité qui a fini par avoir raison des réserves de l’autrice : « Ce n’est pas d’hier que je ressens le besoin de savoir qui était cet homme, mais quand mon frère m’a annoncé, après avoir réalisé des recherches, que ce qu’on nous avait expliqué jusque-là n’était pas vrai, que mon père avait été placé à l’orphelinat alors que ses deux parents étaient non pas morts, mais toujours en vie, je dirais qu’à ce moment-là tout a vacillé. Quand je découvre ce secret de famille, de nombreuses interrogations surgissent. Qu’est-ce qu’on a souhaité cacher ? Pourquoi est-ce que je n’ai jamais entendu parler de ça ? Est-ce qu’on avait honte ? Comment se fait-il que je n’aie même jamais posé de questions à mon
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