Nouvelle étudiante à l’Université de T., « un enfer de l’opportunisme et un paradis de la curiosité » situé dans un pays européen anonyme, Lourdes est préposée au buffet au cours d’une journée de colloque organisée par le « Laboratoire du Néo-Moi Féminisant » consacrée à une poète russe méconnue, Razuvaeva. Dans la salle, une banderole accueille les participants : « Ne critiquez pas les autres femmes » (en lettres majuscules).
Lourdes, le second roman de Catherine Lemieux (Une affection rare, Triptyque, 2018), est une grinçante comédie de campus, une satire acerbe d’un milieu universitaire où professeurs et étudiants s’alimentent de mots d’ordre et de clichés. Un feu roulant d’humour et de liberté, porté par des phrases à la précision aussi dense que maniaque. Une rareté.
Née aux Îles-de-la-Madeleine en 1984, Catherine Lemieux y a vécu jusqu’à l’âge de dix ans avant de déménager avec sa famille à Québec. Elle raconte être partie aussitôt qu’elle a pu pendant ses études de littérature comparée à Montréal, passant tour à tour du temps à Londres, à Paris, à Berlin, avant de s’établir à Vienne, en Autriche, où elle vit depuis une dizaine d’années.
« Ce qui me porte à écrire, ce n’est pas une idée, mais plutôt une sorte de dissonance affective, explique Catherine Lemieux, de passage au Québec cette semaine. Lorsque je sens comme une fausse note dans la parole de l’autre ou dans la mienne. Cette dissonance était très présente à l’université. »
Mettre le feu à l’université
De son poste d’observation pendant le colloque, la jeune nord-américaine commente,
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