L’essai autobiographique de Jocelyn Coulon, intitulé Ma France, est rempli de fines analyses du réputé politologue, né au Québec en 1957 d’une mère canadienne-française, Andrée Deschênes, et d’un père français, Jacques Coulon, arrivé à Montréal en 1953. Ses parents se sont mariés, précise-t-il, amusé, « non sans que mon père se soit fait baptiser quelques heures avant, une exigence de mon très catholique grand-père maternel » !
Jacques Coulon appartenait à cette minorité de Français que certains de leurs compatriotes, tournés vers le passé, qualifient en souriant d’« impies ». Les moqueurs traitent souvent de « calotins » une tout autre minorité, qui inclut la gauche catholique, dont une grande figure, Jean-Marie Domenach (1922-1997), voit les Français, confrontés au déclin, comme « un “peuple drainé”, pour reprendre, écrit-il, la terrible expression que Gaston Miron appliquait au Québec ».
Comme Domenach, qui jugea sévèrement la domination française en Algérie avant que ce pays ne devienne indépendant en 1962, Jocelyn Coulon remet en cause « la légende dorée d’une colonisation paternaliste et civilisatrice ». Si, avant d’être élu président de la République française, Emmanuel Macron admet en 2017 que la colonisation « est un crime contre l’humanité », une fois élu, il « n’a jamais, déplore l’auteur, présenté d’excuses » aux peuples qui en ont souffert à cause de la France.
Encore comme Domenach, qui s’inquiète, dès 1995, du « crépuscule de la culture française », au point de penser qu’« à l’échelle du monde, la France commence à ressembler au Québec à l’échelle de l’Amérique du Nord », Coulon fait siennes les craintes d’Hélène Carrère d’Encausse. Il reprend les
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