Tout lire sur: Radio-Canada Livres
Source du texte: Lecture
L’autrice et éditrice Mélikah Abdelmoumen
Photo : Blanches bulles photographie
En 1992, elle entreprend des études en lettres. Elle rédige son mémoire sur l’autobiographie et George Sand, puis sa thèse sur Serge Doubrovsky, le créateur du terme autofiction
.
À 33 ans, elle s’exile vers Lyon avec son amoureux français. De ce long séjour résulte le récit Douze ans en France, dans lequel elle raconte le climat politique et les clivages sociaux étouffants.
« Ça ne m’a pas empêchée de me faire des racines. Je m’y sens chez moi, mais le discours ambiant et l’air du temps n’est pas propice quand tu t’appelles Abdelmoumen… »
Face au racisme et à la montée des discours haineux dans son pays d’adoption, elle pousse sa réflexion sur l’identité. Elle sent une convergence des luttes entre les personnes arabes et noires. Je ne me sentais pas arabe avant qu’on me le dise que j’étais arabe. Moi, je suis Québécoise dans ma tête!
Hors de l’agitation quotidienne
De retour au Québec depuis cinq ans, Mélikah Abdelmoumen a été éditrice au Groupe Ville-Marie Littérature. Elle est maintenant rédactrice en chef de la revue Lettres québécoises depuis un an.
Les revues ont toujours été pour moi des lieux de résistance. On n’y pense pas au même rythme, hors de l’espèce de bruit de fond quotidien avec lequel on est tous pris […] J’adore ça.
Loin des impératifs de l’actualité quotidienne, les magazines ont le loisir de provoquer des rencontres et de se pencher sur des questions selon une autre temporalité. Et c’est désespérément nécessaire dans cette ère où l’opinion sans nuance synthétisée en une phrase-choc est la norme. Cela favorise la polarisation, et non la discussion.
« Le problème est que ça prend quelques minutes pour écrire n’importe quoi sur un coin de table pour crinquer les gens. Décrinquer les gens et dire des choses vraies, ça prend de la recherche, du temps et des textes plus longs. »
L’autrice qui ne gagnait jamais, ou presque
Mélikah Abdelmoumen a déjà participé à quelques concours ou prix littéraires. Je suis une fille qui ne gagne à peu près jamais rien
, dit-elle. Sauf récemment. Elle a reçu le prix Pierre-Vadeboncoeur de la CSN pour Baldwin Styron et moi. Même si cette reconnaissance lui fait un grand plaisir, elle est consciente de la subjectivité des concours.
Mélikah Abdelmoumen lors d’une entrevue en 2018 au micro de « Plus on est de fou, plus on lit »
Photo : Radio-Canada / Hamza Abouelouafaa
D’ailleurs, elle tient à ce que tous les participants et participantes à un concours littéraire gardent cette notion de subjectivité en tête.
« Il ne faudrait pas que les gens qui ne gagnent jamais pensent que leurs œuvres ne sont pas valables. »
En plus d’être membre du jury pour le Prix du récit, Mélikah Abdelmoumen finalise un essai sur l’engagement qui sera publié à Atelier 10. Elle y parle de trois générations de femmes engagées : sa grand-mère, sa mère et elle-même.
Elle poursuit l’écriture d’un livre de fiction, commencé en 2014. Cette fois, elle fait dans le roman noir à saveur de polar social. L’action se déroule dans un pays qui n’existe pas et tourne autour des questions de l’expression de l’extrême droite et de la haine dans une certaine indifférence.
Il y a aussi, au courant de l’hiver, la lecture du spectacle Baldwin, Styron et moi dans différentes maisons de la culture de Montréal.
Véritable tremplin pour les écrivaines et écrivains canadiens, les Prix de la création Radio-Canada sont ouverts à toute personne qui écrit, de façon amateur ou professionnelle. Ils récompensent chaque année les meilleurs récits (histoires vécues), nouvelles et poèmes inédits soumis au concours.
Vous écrivez des récits? Envoyez-nous vos textes inédits d’ici le 28 février 2023!