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Lorsque son père lui a offert Objectif Lune à 6 ans, Michel Rabagliati a « tout de suite vraiment été emporté par Tintin ». L’auteur de la série de bandes dessinées à succès Paul se sert encore des techniques d’Hergé aujourd’hui.
Michel Rabagliati commence à dessiner vers l’âge de 10 ans. Son père l’encourage dans sa passion et lui construit une table lumineuse. « On se ressemblait beaucoup. J’ai découvert des dessins de lui récemment dans un sac que sa conjointe m’a laissé à sa mort : bonyenne, il y a plein de bandes dessinées! On faisait la même [chose]. J’en parle dans mon prochain livre d’ailleurs », révèle-t-il.
Ce prochain livre sera un « roman graphique, écrit, tapé avec de la typo, […] meublé d’illustrations fixes », explique le bédéiste. « Il y a plus de place pour bavarder, parce que j’avais envie cette fois-ci de vraiment parler longuement ». De plus, Michel Rabagliati veut prendre une pause du pinceau et de sa technique exigeante physiquement.
Comme dans Paul et le reste de son œuvre, Michel Rabagliati fait le pari d’illustrer le quotidien, qui est parfois banal. « Aussitôt que je m’éloigne de ça, je m’ennuie. En fait, je n’y crois pas. »
Il estime que sa démarche ressemble à celle de Michel Tremblay et à celle du groupe Beau Dommage, « de la magnifique poésie faite avec ce qu’il y a au coin de la rue ». Et que la mélancolie fait partie de son univers.
« Souvent, mes projets commencent quand je suis assez bas, quand je suis assez mélancolique, quand je ne suis pas en super forme. […] Je pense que mes bandes dessinées sont en mineur, comme les chansons tristes. »
Paul, personnage universel
La série Paul a été traduite en six langues et a remporté de nombreux prix. Pour couronner le tout, Michel Rabagliati a été nommé chevalier de l’Ordre des arts et des lettres de France en 2022. « C’est fabuleux! Ça marche très bien le québécois écrit, en France », déclare-t-il.
Le cinéaste François Bouvier a adapté Paul à Québec au cinéma. Michel Rabagliati accepterait qu’une autre de ses œuvres soit adaptée, même s’il a trouvé l’écriture cinématographique laborieuse : « Oui, travailler avec François, c’est intéressant, mais le langage est lourd. »
Il estime qu’aujourd’hui, nous sommes dans les « années d’or » de la bande dessinée adulte. « Je suis fier de la série, je suis fier d’avoir été libre », déclare-t-il avec assurance.