Makenzy Orcel, auteur du roman Une somme humaine (finaliste du prix Goncourt 2022), se trouve ici devant une porte close qui contraint la pensée. Il se doit de trouver une clé, soit celle de la poésie. En fait, deux recueils s’entrecroisent dans Mûres métamorphoses : l’un en italique en page de gauche, l’autre en romain en page de droite. D’une part, des formes féminines, fantomatiques et marines s’immiscent dans l’imaginaire, d’autre part, des lieux impénétrables font barrière. Énigmatiques, les poèmes se referment souvent autour d’une obscurité complaisante. Nous sommes alors laissés à nous-mêmes devant « l’insurmontable promiscuité / entre l’incommunicable et le silence ». En effet, qu’est-il possible de comprendre quand « le feu de la rame / en appelle aux floraisons / faussant les lois de la finitude » ? L’angoisse qui étreint le poète passe par des images saturées d’eau et d’obstacles. Tout amour devient lié à la mort ou au plaisir, surgit de l’enfance, « enfance bercée par l’oubli / les chants tombés des fenêtres ». Finalement, il s’agit bel et bien d’une poésie de l’exaltation.
Mûres métamorphoses
★★★
Makenzy Orcel, Rivages poche « Petite bibliothèque », Paris, 2023, 80 pages
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