C’est la révélation de l’automne littéraire. Un livre qui fait du bruit. Dans la foulée d’autres livres qui sont venus secouer certains tabous liés aux agressions sexuelles, comme Le consentement, de Vanessa Springora, et La famiglia grande, de Camille Kouchner.
Mais Triste tigre est bien davantage que son sujet. Car Neige Sinno y prend à bras-le-corps les questions du bien et du mal, la part d’ombre que nous portons tous, l’impossibilité de la rédemption à travers la littérature.
Issue d’un milieu modeste, ayant grandi dans les Alpes françaises au sein d’une famille un peu hippie, Neige Sinno y raconte avoir été violée entre 7 et 14 ans par son beau-père. C’est à l’âge adulte, après avoir quitté la maison, très loin de la France, qu’elle a trouvé la force et le courage de dénoncer son agresseur. Surtout, explique-t-elle, afin de protéger son frère et sa soeur plus jeunes.
L’homme, qui a avoué et reconnu les faits, a été condamné à neuf ans de prison « sans obligation de soins ». Il a depuis refait sa vie.
La saison des prix, l’obtention du Femina, l’ouragan médiatique. Avait-elle entrevu, peut-être même souhaité, pareille issue au moment d’écrire Triste Tigre ?
« Je savais qu’il y avait une double possibilité. Ou il passe complètement inaperçu, m’étais-je dit, comme mes autres livres, et j’aurai la colère de ne pas être entendue, ou il arrive une chose comme il arrive maintenant, et ça va être étrange aussi pour moi », confie Neige Sinno, 46 ans, rencontrée dans un café de Montréal, 20 ans
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