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« C’est à Niagara que j’ai contracté à trois ans la maladie de la mort et je ne m’en suis jamais remise », écrit Catherine Mavrikakis dans un nouveau roman qui éclaire l’ensemble de son œuvre, dont la mort a toujours été le personnage principal et chez qui sa seule ombre anéantit toute possibilité de sérénité.
Publié à 17h30 ✓ Lien copié Dominic Tardif La Presse
En 1964, le père de Catherine Mavrikakis prend une photo de sa femme et de sa fille aux chutes du Niagara, où ils s’arrêtaient souvent, en route vers la résidence de la tante de Catherine, à Gary en Indiana. Cette diapositive, l’image même d’un bonheur qui ne peut durer, devient, au présent, le bout de fil sur lequel tire l’écrivaine.
« En 1964, quand, devant les chutes, mon père a pris une photo d’elle et de moi, j’ai senti que je pouvais la perdre, se souvient-elle. À ce moment, j’ai su que rien, non, rien, ne pouvait nous préserver de cette précipitation du temps qui jamais ne stopperait sa course, de cette descente aux enfers que serait la vie. » Plus de 50 ans après, la fille accompagne le corps de sa mère morte qui traverse le continent et dérive du fleuve Saint-Laurent jusqu’au golfe du Mexique, longue et étrange procession funèbre à travers un décor peuplé de fantômes.
Romancière de l’angoisse existentielle, du sarcasme et de la noirceur, où songer au pire est autant une affliction qu’une hygiène, Catherine Mavrikakis a signé l’an dernier avec Impromptu un texte court et caustique, jetant une instructive lumière sur son rapport à l’enseignement et à la littérature. Niagara s’inscrit dans